Principes biomécaniques des bridges / Prothèse Dentaire
Introduction
La conception d’une prothèse fixée est sous la dépendance d’un grand nombre de paramètres qui induit un véritable cahier des charges.
Terminologie
Bridge
C’est une restauration prothétique plurale servant à remplacer une ou plusieurs dents absentes en prenant appui sur des dents solides.
Force
Une force peut se définir comme étant n’importe quel facteur qui, s’exerçant sur un corps, tend à le mettre en mouvement ou à modifier le cours de son mouvement si ce dernier existe déjà. Une force est caractérisée par :
- Sa direction
- Son intensité
- Sa ligne d’action
Biomécanique
Discipline qui étudie, suivant les principes de la mécanique, les structures et les fonctions physiologiques ; c’est l’application de la mécanique dans les systèmes biologiques.
Contrainte
C’est la réponse interne à l’application d’une force.
Évaluation biomécanique des éléments de supports
Tout élément prothétique doit supporter les forces occlusales auxquelles il est soumis. Les forces qui devraient être supportées par les dents absentes sont transmises aux points d’appui par l’intermédiaire des connexions et des moyens d’ancrage.
Les dents
Vitalité pulpaire
L’idéal sera de réaliser ou de pouvoir fixer un bridge sur des dents pulpées :
- Solidité des tissus dentaires
- Réactions aux agressions
- Esthétique coronaire et radiculaire
Mais une dent dépulpée peut servir de point d’appui à condition :
- D’avoir un bon traitement radiculaire
- De compenser les pertes de substance coronaire
- Les tissus de soutien doivent être exempts de toute inflammation
Rapport corono-radiculaire
C’est le rapport de la longueur supra-osseuse (de la face occlusale à la crête alvéolaire) et de la longueur intra-osseuse. Idéalement, une dent a un rapport de 2/3, et un rapport de 1/1 est le minimum acceptable pour une dent future pilier de bridge.

Configuration radiculaire
La configuration radiculaire est un facteur parodontal important pour décider si une dent est apte à supporter un bridge. Les racines dont le diamètre vestibulolingual est supérieur au diamètre mésiodistal sont préférables à celles ayant une section circulaire. Une molaire dont les racines sont divergentes est un meilleur point d’appui qu’une molaire dont les racines ont fusionné. De plus, la présence d’une courbure radiculaire dans le tiers apical ou d’irrégularités de la forme radiculaire sont autant d’éléments favorables.
Surface radiculaire efficace
C’est la surface recouverte par le ligament alvéolo-dentaire. Selon la loi d’Ante, la surface d’appui radiculaire des points d’appui doit être supérieure ou égale à celle présumée des dents à remplacer. Le pronostic des bridges de petite portée est meilleur que ceux dont la travée est plus importante.
Principes d’équilibre et notion de force
Le but d’un bridge est de recevoir les forces d’occlusion et de les transmettre aux dents piliers. Pour cela, il faut :
- Connaître la répartition des forces appliquées sur la denture
- Faire le bilan des forces devant s’exercer sur la reconstruction projetée
- Choisir le nombre et la nature des dents piliers

Notion de force
Force et mouvement dentaire
Chaque dent est apte à se mouvoir lorsqu’elle est soumise à des pressions qui seront amorties par le ligament alvéolo-dentaire.
Force et matériaux
Alliages
Au niveau intrinsèque, lors de la réalisation d’un bridge, deux grandeurs parmi celles qui caractérisent un alliage sont à retenir :
- Le module de Young : Il constitue l’un des paramètres de calcul de la rigidité. Pour des alliages non précieux, le module de Young est 2 à 2,5 fois plus grand que celui des alliages précieux.
- La limite d’endurance : Elle définit la résistance à la fatigue. Elle représente la modification des propriétés mécaniques des matériaux suite à l’application des cycles d’efforts. La limite d’endurance des alliages non précieux est 2 à 2,5 fois supérieure à celle des alliages précieux.
Les céramiques
Les céramiques sont des solides fragiles présentant à température ambiante une rupture caractérisée par :
- L’absence de déformation permanente avant la séparation des deux fragments du matériau
- Le caractère brutal de la rupture
- La planéité de la surface de rupture
- La limite d’élasticité est très élevée à température ambiante
- La concentration des contraintes au voisinage des défauts est très localisée et d’amplitude importante
Principes d’équilibre
Action d’une force oblique sur une dent
Elle tend à déplacer la dent selon un mouvement de rotation autour de son hypomoclion. Ce mouvement est contrecarré par les tissus parodontaux où apparaissent des zones de traction et de compression. Une force appliquée devient néfaste quand :
- Elle tend à se rapprocher de l’horizontal
- Le point de contact proximal est mal situé
- La hauteur alvéolaire est réduite
- Grande surface occlusale
En présence d’interférences qui tendent à intensifier les composantes latérales, il faut :
- Privilégier les forces axiales
- Diminuer les composantes horizontales
- Établir avec précision le point de contact
- Éliminer les contacts non travaillants
Bilan des forces exercées sur un bridge
Il dépend :
- Des forces musculaires du patient
- De la proprioception parodontale
- De la précision des contacts proximaux
- Des habitudes alimentaires
- Des rapports d’occlusion dynamique
- De la forme et de la longueur de la travée
Choix des dents supports
De nombreux facteurs interviennent et peuvent être regroupés sous deux rubriques :
- Cliniques : Valeur intrinsèque de chaque pilier en fonction de son état parodontal
- Mécaniques : Les différentes lois
Loi de Beliard
L’augmentation du nombre des points d’appui non rectilignes améliore les conditions d’équilibre (diminution du nombre d’axes de rotation).

Loi de Sadrin (principe de neutralisation des forces de rotation)
Une courbure prononcée détermine un moment de renversement qui doit être équilibré par l’utilisation d’appuis supplémentaires.

Loi d’économie potentielle des piliers de Dubeck et Housset
Pour qu’un bridge ait une fonction rationnelle, il est nécessaire que les piliers travaillent dans des conditions physiologiques. Pour cela, l’axe principal des pressions doit être confondu avec l’axe de la dent.
Théorie de Roy
Il distingue, pour une même arcade, cinq plans :
- Un plan incisif
- Deux plans canins (intermédiaire à 45°)
- Deux plans prémolo-molaires

Pour réaliser la contention et limiter les forces, il faut que la prothèse s’appuie sur plusieurs plans de l’arcade dentaire. Les forces de renversement vont s’opposer entre elles (« stabilisation »). La meilleure rétention est obtenue avec un bridge complet.
Loi de Fourouet
Le centre de gravité d’un bridge doit se trouver dans son polygone de sustentation. La stabilité de la prothèse sera d’autant plus grande que le point d’application de la résultante des forces masticatrices sera plus rapproché du centre géométrique du polygone de sustentation.
Loi de Biaggi
- Une dent peut rarement en supporter une
- Deux dents peuvent en supporter une ou deux
- Trois dents peuvent en supporter deux et même trois dans certains cas
Loi de Duchange
Elle prend en considération :
- La morphologie coronaire
- La surface de la table occlusale
- La position de la dent sur l’arcade
Duchange a attribué un coefficient pour chaque dent. La somme des coefficients des dents piliers doit être supérieure ou égale à la somme des coefficients des dents à remplacer.

Principes mécaniques
Insertion
Le parallélisme est une nécessité pour qu’une prothèse puisse s’insérer sans problème. Le parallélisme absolu est un idéal vers lequel nous devons tendre, mais une légère convergence des parois est tolérable. L’insertion de la prothèse peut être envisagée par :
- Translation : Souhaitable
- Mouvement complexe : Associé à deux mouvements (translation et rotation), indiqué dans le cas de divergence des axes d’insertion
Dans les cas extrêmes, on peut utiliser :
- Attachements de précision
- Recours à l’orthodontie
Rétention
Rétention primaire
La rétention est conditionnée par :
- La hauteur des préparations
- L’étendue des surfaces en contact
- La faible convergence des parois axiales
- Le coefficient de frottement des surfaces en contact
Ainsi :
- Il ne faut pas polir exagérément les préparations
- Il ne faut jamais polir l’intrados
Rétention secondaire
Par les moyens annexes : box, cannelures, tenons dentinaires, tenons radiculaires, puits.
Rétention par jonction
Assurée par les ciments et les composites de collage. Les ciments assurent seulement 13 à 15 % de la rétention.
Résistance mécanique
Elle est liée :
- À la qualité de l’alliage ou du matériau
- À la morphologie du bridge : longueur, largeur, hauteur
Différents types de déséquilibre
Différents mouvements tendent à desceller le bridge.
Mouvement de flexion
Provoqué par des forces verticales, il est plus important quand la poutre est longue et sa section est faible, ou avec l’emploi d’alliages trop mous ou trop élastiques.

Mouvement de torsion
C’est un mouvement complexe (rotation + renversement) dans la région canine et prémolaire (« cantilever »). Il résulte d’une armature non rigide ou d’une liaison par soudure de mauvaise qualité. Avec trois ancrages, il y a rotation autour de l’hypomoclion du pilier intermédiaire. Précautions :
- Utiliser un alliage de dureté suffisante
- Une soudure de très haut titre
Mouvement de renversement
Provoqué par des forces tangentielles dans les mouvements de protrusion et de latéralité lorsqu’il y a des interférences. Pour contrecarrer ce mouvement, il faut :
- Éviter d’exagérer la morphologie occlusale
- Respecter une harmonie avec les pentes cuspidiennes des dents présentes sur l’arcade

Mouvement de bascule
C’est le plus fréquent. Si une pression est exercée au niveau de l’élément postérieur du bridge, ceci entraîne l’élévation de l’ancrage antérieur par un mouvement de rotation, et de même si la pression est antérieure, le bascule sera postérieur. Pour éviter ce déséquilibre, il faut :
- Une adaptation parfaite des ancrages sur les piliers
- Utiliser un révélateur de pression (silicone fluide)
- Un réglage occlusal exempt de toutes prématurités ou interférences

Principes biologiques
Morphologie des ancrages
Le galbe vestibulo-lingual ou palatin
Rôle :
- Déflexion du bol alimentaire
- Stimulation et protection de la gencive attachée
Situation :
- Vestibulaire au niveau du 1/3 cervical
- Palatin au niveau du 1/3 moyen
Conséquences :
- S’il est trop accentué : formation de poches parodontales par accumulation de plaque
- S’il est estompé : le rôle protecteur est annulé, entraînant une récession gingivale
Le point de contact proximal
S’il est situé :
- Au niveau cervical : hypertrophie et congestion de la papille, atteinte du septum
- Occlusal : tassement alimentaire
Face occlusale
Théorie d’Ackermann
Il faut diminuer les pressions par une utilisation rationnelle des points d’ancrage, de leur nombre et de leur position topographique sur l’arcade dentaire, et par une diminution de la largeur des structures des prothèses plurales (« l’aire occlusale »). Plus la largeur de la table occlusale est importante, plus le moment de rotation est grand.
Loi de Nally
La distance inter-cuspidienne doit être égale à la moitié du plus grand diamètre vestibulo-lingual (« il faut rétrécir le champ occlusal »).
Morphologie des intermédiaires
Selon le rapport prothèse-gencive, elles doivent permettre un accès optimum afin de faciliter le nettoyage.
Intermédiaire intra-muqueux

Du fait de l’importance de la surface de contact et de l’impossibilité de nettoyage, ils sont à proscrire.
Intermédiaire supra-muqueux

- À distance de la crête
- Parfaitement compatible avec l’hygiène
- Inesthétique
La distance entre la base de l’intermédiaire et le sommet de la crête édentée doit être d’au moins 3 mm. On distingue :
- La forme en arche (perle)
- La section pentagonale (poggiolo)
- La section ovoïde (Stein)

Intermédiaire contra-muqueux

Type ovoïde
- La face gingivale en forme d’œuf ou d’obus
- Contour gingival convexe
- Hygiénique
- Réservé aux dents postérieures, le plus souvent mandibulaires (à cause de l’esthétique)
Type selle modifiée
- Entre en contact léger avec la crête
- Les embrasures sont dégagées
- Hygiène facile
Principes psychologiques
Il n’y aura pas d’intégration organique sans une intégration psychique. Ce facteur psychique conditionne la réussite de la restauration prothétique.
Principes esthétiques
Le choix du matériau de la restauration affecte l’apparence esthétique de la reconstruction prothétique, qui doit être en harmonie avec les dents naturelles (teinte, forme).
Conclusion
C’est la connaissance des règles de conception des ponts qui permettra de choisir le dispositif offrant le maximum de garanties afin d’éviter tout accident susceptible de provoquer l’échec du traitement.
Principes biomécaniques des bridges / Prothèse Dentaire
La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.
Principes biomécaniques des bridges / Prothèse Dentaire

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.