Le Comportement Neuro-Musculaire (CNM)
Le Comportement Neuro-Musculaire (CNM)
Introduction
Les os jeunes pendant leur croissance sont soumis à l’influence de la musculature répartie en groupes antagonistes dont l’équilibre assure tant au repos qu’en fonction la morphologie du squelette. Le déséquilibre de cette musculature résulte de nombreuses dysharmonies dento-faciales.
Rappel Anatomique de la Cavité Buccale
Limites de la Cavité Buccale
- En bas : Le plancher buccal formé par le muscle mylohyoïdien, sangle sur laquelle repose la langue.
- En haut : La voûte palatine qui est prolongée postérieurement par le voile du palais ou palais mou, dont le tiers antérieur est immobile ; les deux tiers postérieurs mobiles ayant un rôle important dans les fonctions de déglutition et de phonation.
- Latéralement : Constituées d’une masse musculaire comprenant le petit et grand zygomatique, le muscle canin, le carré du menton, le buccinateur, le risorius, le masséter, le temporal et le ptérygoïdien externe.
- En avant : Les lèvres, qui sont un repli musculo-membraneux présentant une face externe ou cutanée et une face interne ou muqueuse ; la partie musculaire comprend les muscles constricteurs (orbiculaires des lèvres) et dilatateurs (canin, triangulaire des lèvres).
La Cavité Buccale
La Langue
C’est une masse musculaire s’attachant sur le squelette ostéofibreux, constituée de 8 paires de muscles plus un muscle impair.
Les Arcades Dentaires
On distingue : les dents, l’os maxillaire (os basilaire, os alvéolaire).
L’arcade se développe entre deux masses musculaires antagonistes :
- Couloir dentaire de CHATEAU
- Sangle labio-juguale
- Langue
La forme générale des arcades résulte d’une position d’équilibre de cette musculature (sous la dépendance du comportement neuro-musculaire) tant au repos qu’en fonction.
Équilibre Neuromusculaire
L’équilibre de la sphère orofaciale est réglé au niveau des chaînes musculaires antagonistes verticales et horizontales. L’activité musculaire qui en découle se déroule aussi bien en position de repos qu’au cours des différentes fonctions orofaciales.
L’Équilibre Musculaire au Repos
L’activité musculaire qui l’accompagne est faible en intensité mais plus ou moins permanente en durée.
Exemple : À la position de repos mandibulaire doit correspondre un équilibre musculaire au niveau des lèvres, des joues et de la langue. Cet équilibre est conditionné par 3 éléments qui sont à l’origine du comportement intrinsèque :
- Tonus musculaire
- Le rapport des bases osseuses
- Caractère propre du muscle
Tonus Musculaire
Selon CAUHEPE, il a deux significations :
- Au repos : C’est l’état de contraction minimum durable, à laquelle se trouve soumis tout muscle à l’état physiologique de repos apparent. Dans ce cas, l’activité musculaire n’engendre ni mouvement, ni déplacement, elle subit peu de fatigue et ne consomme que très peu d’énergie.
- En fonction : Le tonus représente la force déployée par un muscle pendant la fonction habituelle qu’il exerce.
La Position de Repos de la Mandibule
Caractérisée par :
- L’absence de mouvement mandibulaire avec un état apparent des muscles masticateurs (élévateurs + abaisseurs).
- Considérée comme un état d’équilibre entre les différentes forces sollicitant la mandibule.
Position de Repos des Lèvres
La fente ou ligne interlabiale se situe normalement à 2 mm au-dessus du bord du groupe incisif lorsque les arcades sont entrouvertes. En occlusion, les lèvres sont jointes (stomion) sans effort de contraction et sans participation de la musculature périphérique.
Position de Repos des Joues
Normalement, la face interne des joues se trouve à quelques millimètres des faces vestibulaires des prémolaires et molaires. Chez certains patients, il y a parfois interposition à ce niveau.
Position de Repos de la Langue
Elle devrait occuper toute la cavité buccale, affleurant l’interligne articulaire prémolo-molaire, son dos suivant la voûte palatine. La pointe de la langue doit se situer au niveau de la papille rétro-incisive.
L’Équilibre Neuromusculaire en Fonction
Mastication
Acte complexe au cours duquel les aliments sont broyés.
RIX : « un jeu d’ensemble des muscles qui permet au bol alimentaire d’être conduit et amené précisément dans la position où les dents le broient ».
Elle précède la déglutition, entre en jeu avec l’éruption des premières incisives temporaires, puis se développe avec les phénomènes de dentition et le passage de l’alimentation liquide ou molle à celle du solide.
Les cycles masticatoires sont le résultat de l’activité successive et coordonnée des muscles masticateurs, des lèvres, des joues et de la langue, agissant afin de diriger le bol alimentaire entre les dents et éviter la morsure des tissus mous.
La mastication est un mouvement d’ouverture et de fermeture avec déplacement antéro-postérieur et latéral, donc une coordination de l’ensemble des muscles masticateurs.
La Déglutition
C’est l’acte par lequel le bol alimentaire est propulsé de la bouche vers l’estomac, succédant à la mastication. Elle survient 500 à 1200 fois par jour et dure une seconde.
La déglutition nécessite pour se faire :
- L’arrêt de la respiration.
- Le rapprochement des lèvres.
- Le voile du palais s’élève, l’épiglotte s’abaisse.
- Le sphincter œsophagien s’ouvre puis se ferme.
La déglutition normale se fait en trois temps :
- Temps buccal, seul contrôlable volontairement.
- Temps pharyngien.
- Temps œsophagien.
Description du Temps Buccal
Il existe 3 types de déglutition :
Déglutition du Nourrisson : succion-déglutition, elle se caractérise par :
- Interposition de la langue entre les arcades édentées.
- Pulsion linguale.
- Contraction exagérée des orbiculaires des lèvres et des joues.
Déglutition Infantile :
- Les arcades sont séparées.
- La langue ne s’applique pas au palais, mais s’interpose entre les arcades, venant au contact des joues et des lèvres.
- Ces dernières se contractent fortement pour fermer la cavité buccale et s’opposent à la pression de la langue.
- Le mylohyoïdien se contracte à son tour, comprimant la langue en haut et en arrière et dirigeant les aliments vers le pharynx.
- Parfois, les contractions de l’orbiculaire s’accompagnent de celles du buccinateur et des muscles de la mimique.
La déglutition infantile est considérée comme normale jusqu’à l’âge de 2 à 4 ans et évolue vers la déglutition adulte vers l’âge de 6 ans.
Déglutition Adulte :
Elle doit se faire :
- Les lèvres jointes.
- L’occlusion en relation centrée.
- Le dos de la langue en contact avec la voûte palatine, elle se creuse en une gouttière antéro-postérieure.
- La pointe de la langue prend appui sur la papille rétro-incisive.
- Contraction en premier du temporal, puis le masséter, puis le ptérygoïdien externe et enfin le mylohyoïdien.
- Il n’y a aucune contraction concomitante des orbiculaires des lèvres et des joues.
Si l’un de ces paramètres n’est pas respecté lors de la déglutition adulte, on parle de déglutition atypique, accompagnée de :
- Contraction parasite des muscles faciaux.
- Interposition linguale.
- Succion de la lèvre inférieure.
Conséquences de la Déglutition Atypique
- L’interposition linguale peut entraîner : une béance antérieure si l’interposition est antérieure ou une béance latérale si l’interposition est latérale, plus une endo-alvéolie.
- La pulsion linguale entraîne une pro-alvéolie.
La Respiration
Elle permet un échange d’oxygène et de gaz carbonique entre l’organisme et le milieu ambiant. Durant celle-ci, pas d’intervention des muscles orofaciaux, qui sont au repos dans des conditions anatomiques normales.
L’appareil respiratoire comprend :
- Cage thoracique et le diaphragme.
- Les poumons.
- Les voies respiratoires.
Normalement, l’inspiration et l’expiration sont purement nasales. Durant le temps pharyngien, le voile du palais entre en contact par son bord inférieur avec le versant postérieur de la langue, réalisant un verrouillage postérieur : respiration nasale.
En cas de verrouillage postérieur déficient ou d’un obstacle mécanique, la respiration buccale s’installe (végétations adénoïdes, amygdales hypertrophiques).
Conséquences de la Respiration Buccale
Elle peut être une fonction suppléante à la respiration nasale, entraînant :
- Béance antérieure (position moyenne de la langue).
- Proglissement mandibulaire.
- Prognathie mandibulaire (position basse de la langue).
- Brachygnathie maxillaire + rétrognathie maxillaire.
- Dysharmonie dento-maxillaire.
La Phonation
La phonation représente un acte essentiel de la vie humaine, permettant la communication entre individus dans la vie sociale. Elle fait intervenir :
- L’appareil respiratoire : le poumon fournit le souffle qui parcourt le rétrécissement laryngé où naît le son.
- L’appareil digestif : par la mobilité fonctionnelle de la langue et la variabilité de la forme de la bouche, il module la production sonore expiratoire sous-jacente.
Ce sont les consonnes qui sont importantes, car leur formation est conditionnée par l’activité musculaire linguale, du voile, des lèvres et par la musculature de l’équilibre de la mandibule qui règle la hauteur de la cavité buccale.
Types de Consonnes
- Linguo-palatales antérieures : T – D – N – M
- T – D : Résultent de l’ouverture brusque du conduit buccal, la pointe de la langue prend appui au niveau de la papille rétro-incisive.
- N – M : Résultent de la fermeture du conduit buccal, la langue est appliquée de la même manière que pour T et D, le son laryngien s’écoule par les fosses nasales.
- Linguo-palatales latérales : C – H – J La langue s’appuie par ses bords latéraux contre les parois latérales de la voûte palatine avec sa pointe en position postérieure vers la partie moyenne de la voûte, mais non appliquée contre elle, les lèvres étant projetées en avant.
- Linguo-palatales inférieures : S – Z La pointe de la langue s’appuie sur la face linguale des incisives inférieures et les bords latéraux de sa partie pré-dorsale sur les bords du palais au niveau des prémolaires.
Il faut noter qu’en aucun cas la langue ne prend appui sur les incisives supérieures ou ne s’interpose entre les arcades.
Engrammation Cérébrale
L’ensemble des conduites motrices reproduisant les comportements d’un individu est le résultat de son expérience propre, au cours de la petite enfance (apprentissage des relations avec le milieu extérieur, maturation de fonctions).
Les influx nerveux issus des récepteurs proprioceptifs servent à réaliser « le câblage » cérébral nécessaire à l’exécution des fonctions, c’est ce que l’on nomme les engrammes cérébraux. Le renforcement et la fixation de l’engramme sont liés à la répétition des mouvements de la fonction ou du geste. Cette répétition permet d’acquérir progressivement un automatisme. Cette engrammation des différentes fonctions n’est réellement terminée que vers 10 ans, époque à laquelle l’ensemble des circuits nécessaires à l’accomplissement de la sphère oro-faciale est mis en place.
Conclusion
Des perturbations dans le déroulement normal de ces différentes fonctions pourront avoir un effet plus ou moins marqué sur le développement des maxillaires, de la face et sur la position des dents.
Voici une sélection de livres:
- “Orthodontie de l’enfant et de l’adulte” par Marie-José Boileau
- Orthodontie interceptive Broché – Grand livre, 24 novembre 2023
- ORTHOPEDIE DENTO FACIALE ODONTOLOGIE PEDIATRIQUE
- Orthopédie dento-faciale en dentures temporaire et mixte: Interception précoce des malocclusions Broché – Illustré, 25 mars 2021
- Nouvelles conceptions de l’ancrage en orthodontie
- Guide d’odontologie pédiatrique: La clinique par la preuve
- Orthodontie linguale (Techniques dentaires)
- Biomécanique orthodontique
- Syndrome posturo-ventilatoire et dysmorphies de classe II, Bases fondamentales: ORTHOPÉDIE ET ORTHODONTIE À L’USAGE DU CHIRURGIEN-DENTISTE

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.