Maladies Parodontales – Maladies Générales / Parodontologie
Introduction
La santé parodontale correspond à une situation d’équilibre entre l’agression que représentent les bactéries et les moyens dont dispose l’organisme pour y faire face. Or, les forces en présence évoluent au cours de la vie et cet équilibre peut donc changer vers la maladie au cours du temps ou en fonction d’un événement important modifiant l’état général du patient.
Les maladies parodontales sont des affections d’origine microbienne qui atteignent aussi bien le parodonte superficiel (gencive) que le parodonte profond (cément, ligament parodontal et os alvéolaire). Les parodontites deviennent un réel problème de santé publique, tant en raison des problèmes de morbidité et de mortalité engendrés par les pathologies auxquelles elles sont associées que du coût de la prise en charge de ces dernières. Les facteurs de risque systémiques englobent :
- Les habitudes de vie négatives : mauvaise alimentation, manque d’exercice physique régulier, stress élevé, mauvaise qualité du sommeil et tabagisme.
- La présence de maladies systémiques comorbides : diabète, polyarthrite rhumatoïde, maladies cardiovasculaires, etc.
Objectifs du cours
- Connaître l’impact des maladies générales sur le parodonte.
- Connaître l’impact des maladies parodontales sur les maladies systémiques.
- Prendre en charge parodontalement un patient à risque.
Quelques définitions
- État de santé parodontale : La santé gingivale clinique a été définie, dans le cas d’un parodonte intact et réduit chez un patient ne présentant pas de parodontite, avec moins de 10 % de saignements sur des profondeurs de sondage ≤ 3 mm. Le parodonte intact n’a pas de perte d’attache, alors que le parodonte réduit présente une perte d’attache évidente.
- Gingivite : Il s’agit d’une lésion inflammatoire résultant d’interactions entre le biofilm et la réponse immuno-inflammatoire de l’hôte, qui reste contenue dans la gencive marginale et ne s’étend pas à l’attache parodontale. Elle est réversible en réduisant le niveau de plaque à un niveau compatible avec la santé parodontale. Pour les patients avec antécédents de parodontite, on préférera le terme d’inflammation gingivale.
- Parodontite : Maladie inflammatoire chronique des tissus de soutien de la dent engendrée par un microbiote parodontal dysbiotique. La parodontite se manifeste par une inflammation qui se traduit par une perte d’attache parodontale. Alors que la formation d’un biofilm bactérien déclenche l’inflammation gingivale, la parodontite se caractérise par trois facteurs :
- La perte des tissus de support parodontaux, qui se manifeste par la perte d’attache clinique (CAL) et une perte de l’os alvéolaire radiologiquement observable.
- La présence de poches parodontales.
- Le saignement gingival.
- Réaction de l’hôte : Processus actif résultant d’une attaque microbienne.
Classification des maladies parodontales

Les maladies gingivales sont induites ou non par le biofilm de la plaque dentaire.
Associée au biofilm seul
Modifiée/régulée par des facteurs de risque systémiques ou locaux
- Facteurs de risque systémiques : Tabac, hyperglycémie, nutrition, médications, hormones sexuelles stéroïdiennes, affections hématologiques, etc.
- Facteurs de risque locaux : Facteurs de rétention de plaque dentaire, sècheresse buccale.
Accroissements gingivaux d’origine médicamenteuse
Parodontite : Les affections systémiques influençant la pathogenèse des parodontites sont : diabètes, obésité, ostéoporose, arthrites (polyarthrite rhumatoïde, arthrose), stress et dépression, tabagisme, médicaments (EFP-AAP 2018).
Concept de médecine parodontale
- Miller (1891) introduisit le terme « infection focale ».
- Offenbacher introduisit « médecine parodontale » lors du Workshop Mondial de Parodontologie de 1996.
- Depuis plusieurs années, l’influence des maladies parodontales, maladies inflammatoires d’origine infectieuse touchant les tissus de soutien dentaires, sur la survenue et l’évolution de certaines pathologies systémiques telles les maladies cardiovasculaires, la polyarthrite rhumatoïde ou le diabète est étudiée.
- Les pathogènes parodontaux, leurs produits ou la réponse inflammatoire représentent une charge chronique pathogénique et inflammatoire à un niveau systémique.
- Les bactéries seules ne suffisent pas. Un hôte « susceptible » est une condition nécessaire pour que la parodontite s’installe : la réponse à l’infection de l’hôte est insuffisante (liée à des défauts fonctionnels PMN, mécanismes de défense insuffisants et excès de certains médiateurs de l’inflammation), l’existence de certains facteurs de risque (facteurs endogènes, génétiques ou systémiques tels que le diabète).
- Autres facteurs de risque qui rendent plus « sensibles » à la maladie : tabagisme, stress, hygiène buccale insuffisante.
Maladies systémiques et maladies parodontales
La parodontologie est au cœur de la pratique odontologique. Elle est un des garants de la pérennité de nombreuses thérapeutiques. Chez les patients ne présentant aucune prédisposition à la maladie parodontale, la réaction inflammatoire associée à la gingivite est satisfaisante et disparaît spontanément, tandis que, chez les patients présentant certaines prédispositions, des facteurs de risque variés déclenchent une inflammation excessive mais inefficace et irréversible au niveau du tissu conjonctif du ligament alvéolodentaire.
Diabètes
Le diabète est un ensemble de troubles métaboliques caractérisés principalement par une hyperglycémie qui résulte d’un défaut d’action ou de production de l’insuline. Le diabète est une affection fréquente parmi la population (~10 %), et malheureusement près de la moitié des diabétiques demeurent non diagnostiqués.
Diagnostic du diabète (OMS)
- Présence de symptômes de diabète (polyurie, polydipsie, amaigrissement) et glycémie mesurée à n’importe quel moment de la journée ≥ 2 g/l.
- Glycémie à jeun ≥ 1,26 g/l.
- Glycémie 2 heures après ingestion de 75 g de glucose ≥ 2 g/l.
Types de diabète
- Diabète de type 1 (DT1) : Caractérisé par une carence absolue en insuline et un début d’installation brutal, le plus souvent avant l’âge de 20 ans. Il est dû à une destruction sélective, plus ou moins complète, des cellules bêta du pancréas sécrétrices d’insuline par un mécanisme auto-immun.
- Diabète de type 2 (DT2) : Caractérisé soit par une insuffisance de sécrétion d’insuline (insulinopénie), soit par une résistance périphérique des tissus à l’action de l’insuline (insulinorésistance). Le début est insidieux, survient le plus souvent après 40 ans. Le diagnostic ne se fait qu’après plusieurs années d’évolution en raison de la bonne tolérance clinique d’une hyperglycémie modérée. Il représente environ 90 % des cas.
Lien bidirectionnel avec les maladies parodontales
- Il y a une prévalence et une incidence plus élevées de maladie parodontale chez les patients atteints de diabète, qu’il soit de type 1 ou de type 2, et cette association est plus prononcée chez les patients dont la glycémie est mal contrôlée.
- Le patient diabétique a trois fois plus de risque de développer une parodontite, ce qui en fait la 6ᵉ complication du diabète (OMS).
- Les mécanismes d’action qui relient les deux pathologies sont une hyperactivation de la réaction immuno-inflammatoire et une perturbation de la cicatrisation.
- La maladie parodontale, étant une maladie bactérienne, inflammatoire et multifactorielle, cette infection chronique aggrave le diabète.
- Le traitement parodontal peut améliorer le contrôle de la glycémie : diminution d’environ 0,4 % de l’HbA1c à 3 mois après traitement parodontal mécanique.
Implications cliniques
- Le chirurgien-dentiste doit faire partie de l’équipe pluridisciplinaire et être informé de l’état d’évolution du diabète de son patient.
- Lors de l’examen clinique d’un patient diabétique, il faut rechercher des signes de parodontite comme le saignement gingival, l’halitose, des abcès ou encore une suppuration de la gencive.
- Dans le cas où ces signes ne sont pas présents, le patient doit être informé des risques de développer une maladie parodontale et lui expliquer les options thérapeutiques pouvant l’aider.
- Un traitement parodontal efficace avec une éducation thérapeutique et un suivi parodontal professionnel régulier vont permettre d’empêcher l’aggravation aussi bien de la maladie parodontale que du diabète.
- Le diagnostic des parodontites peut permettre de diagnostiquer un diabète ignoré.
- Les patients diabétiques doivent avoir des rendez-vous essentiellement le matin, de courte durée et sans stress si possible.
- S’assurer que le patient a bien mangé avant son rendez-vous.
- Les anesthésies de longue durée et profondes associées à des analgésiques sont préférables.
- Les signes vitaux, la tension artérielle et la glycémie doivent être vérifiés avant les soins.
- Le taux de glycémie peut influencer la cicatrisation et la réponse au traitement. De ce fait, le patient doit être suivi de près durant la période postopératoire.
- Toute infection active doit être traitée immédiatement, de façon à prévenir une dérégulation de la glycémie.
- Les visites de suivi et de contrôles dentaires doivent être plus fréquentes.
- Éviter l’hypoglycémie (< 70 mg/dl) : demander au patient de ramener son glucomètre et vérifier que le taux de glucose avant d’intervenir soit au moins = à 1 g/l.
- Taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) < 7 %.

Action de la parodontite sur le diabète
- La parodontite est associée à une augmentation de l’HbA1c et de l’insulino-résistance.
- Un lien direct a été établi entre la sévérité de la maladie parodontale et la survenue de complications diabétiques (cardiovasculaires et rénales).
- Un patient non diabétique atteint d’une maladie parodontale modérée à sévère a un risque accru de développer un diabète.
Maladies cardiovasculaires
Les affections vasculaires liées à l’athérosclérose regroupent les cardiopathies ischémiques, les affections cérébro-vasculaires et les maladies des artères, artérioles, capillaires ou maladies vasculaires périphériques. La pathologie athéromateuse entraîne de nombreuses complications résultant soit du phénomène de thrombose en lui-même, soit du fait de la dissémination au sein de la circulation générale d’un caillot sanguin provoquant à distance :
- Des accidents ischémiques ou thrombotiques pouvant avoir des conséquences graves.
- Des accidents vasculaires cérébraux.
- L’infarctus du myocarde.
L’ischémie se définit par un déséquilibre entre les apports et les besoins en oxygène consécutif à une diminution de la perfusion. L’athérosclérose est le facteur étiologique principal des cardiopathies ischémiques. Les facteurs de risque traditionnels sont : tabagisme, hyperlipidémie, hypertension artérielle (HTA), diabète. La présence d’infections pouvant entraîner une réaction inflammatoire chronique pourrait contribuer à expliquer la présence d’athérosclérose coronarienne.
Définition de l’athérosclérose
« Association variable de remaniements de l’intima des grosses et moyennes artères consistant en une accumulation segmentaire de lipides, de glucides complexes, de sang et de produits sanguins, de tissu fibreux et de dépôts calcaires, le tout accompagné de modifications de la média » (OMS, 1954).
Définition de l’athérome
« Lésion élémentaire de l’intima des artères, est caractérisée par une nécrose grumeleuse riche en lipides (la « bouillie athéromateuse »). Rarement isolé, l’athérome est le plus souvent associé à des lésions de sclérose réalisant un complexe lésionnel qui correspond à l’athérosclérose ».
Facteurs de risque de l’athérosclérose
- Facteurs de risque non modifiables : Âge, sexe, diabète, indice de masse corporelle, dyslipidémie, HTA, taux de fibrinogène élevé, numération des leucocytes.
- Facteurs de risque modifiables : Sédentarité, stress, consommation d’alcool, régime alimentaire, tabagisme, infections virales (cytomégalovirus, herpes), infections bactériennes (Helicobacter pylori, maladies parodontales).
Association entre maladies parodontales et maladies cardiovasculaires
Depuis plusieurs années, de nombreux auteurs se sont intéressés à la relation entre ces deux pathologies. Cette association entre maladies parodontales et formation de plaques d’athérome est intéressante, notamment afin d’argumenter dans le sens de protocoles de prévention systématique des pathologies cardiovasculaires, surtout chez les jeunes présentant des pathologies parodontales agressives.
Aspects biologiques
- Théorie infectieuse : Selon certaines études, des bactéries parodontopathogènes (Porphyromonas gingivalis, Aggregatibacter actinomycetemcomitans, Prevotella intermedia, Tannerella forsythia) ont été retrouvées au sein de la plaque d’athérome (Padilla et al. 2006).
- Théorie inflammatoire : La maladie parodontale et l’athérosclérose sont des maladies inflammatoires.
- Théorie immunitaire : Fondée sur les capacités de réponse de l’hôte face à l’agression bactérienne (Beck et al. 1996) ; niveau de réponse inflammatoire plus ou moins élevé ; possible phénomène de réactivité.
Implications cliniques
- Le chirurgien-dentiste doit informer le patient de l’augmentation du risque d’événement cardiovasculaire en cas de parodontite.
- Il est recommandé d’adresser au médecin traitant les patients atteints de parodontite et présentant un ou plusieurs autres facteurs de risque cardiovasculaires (tabac, obésité, HTA).
- La modification des facteurs de risque comportementaux (tabac, sédentarité, nutrition, stress) fait partie intégrante du traitement parodontal et est d’autant plus efficace qu’elle est pluridisciplinaire (médecin traitant, tabacologue, psychologue, diététicien).
- Le traitement parodontal peut réduire l’inflammation systémique et améliorer la fonction endothéliale.
- Lors de l’anamnèse, une attention particulière doit être portée sur la présence de facteurs de risque communs.
Complications de la grossesse
La grossesse induit une augmentation du risque d’inflammation au niveau gingival. Elle provoque fréquemment l’apparition de gingivite gravidique et d’épulis, qui régressent habituellement après l’accouchement. Il existe un risque d’issue défavorable de la grossesse (accouchement prématuré : < 37 semaines de gestation, nouveau-né de faible poids : < 2,5 kg, pré-éclampsie : hypertension maternelle et protéinurie) chez les femmes ayant une parodontite.
Données épidémiologiques
- Le risque d’accouchement prématuré d’enfant de faible poids est 7,5 fois plus important chez les femmes atteintes de parodontite sévère (Offenbacher et al. 1996).
- L’absence de gingivite chez la femme enceinte entraîne une diminution du risque d’accouchement d’un enfant de petit poids (Dasanayake, 1998).
Hypothèses biologiques
- La dissémination des bactéries.
- L’augmentation systémique des médiateurs inflammatoires.
- Le rôle de la réponse immunitaire fœto-maternelle contre les agents pathogènes buccaux.
Implications cliniques
- La grossesse n’est pas une contre-indication au traitement parodontal.
- En cas d’infection aiguë, d’abcès ou de conditions prédisposant à la bactériémie ou à la septicémie, il faut intervenir rapidement, quel que soit le stade de la grossesse.
- La prise de radiographies dentaires indispensables, réalisées avec une protection adéquate, est sans danger.
- L’épinéphrine doit être évitée autant que possible et est contre-indiquée chez les patientes présentant une pré-éclampsie.
- Les tétracyclines sont contre-indiquées durant la grossesse.
- La grossesse constitue un moment privilégié pour informer la femme enceinte des habitudes appropriées d’hygiène orale à transmettre à son enfant.
- Importance du dépistage et de la prise en charge des maladies parodontales pour toutes les femmes présentant un risque médical connu pour les naissances avant terme.
- Le traitement parodontal non chirurgical durant le deuxième trimestre de la grossesse est sans danger et efficace.
- Stabiliser le plus précocement possible les pertes tissulaires et programmer plusieurs séances de contrôle jusqu’à l’accouchement.
Recommandations pour les chirurgiens-dentistes
Patientes enceintes avec un parodonte en bonne santé
- Les informer sur les modifications physiologiques parodontales pouvant être observées pendant la grossesse (augmentation du flux sanguin dans les gencives, pouvant entraîner des saignements et/ou des gonflements).
- Réaliser un bilan bucco-dentaire complet.
- Évaluer leur état de santé général, en les interrogeant sur d’éventuels antécédents d’hypertension, de diabète, de maladies cardiovasculaires et de consommation tabagique.
- Optimiser leur contrôle de plaque, en insistant sur le brossage des espaces interdentaires.
- Les revoir après l’accouchement.
Patientes ence CANDIDATES et présentant une gingivite
- Mettre en œuvre les mêmes mesures préventives.
- Réduire la charge bactérienne et les signes de l’inflammation, par un détartrage/polissage.
- Revoir régulièrement la patiente pendant sa grossesse pour prévenir toute récidive.
Patientes enceintes et présentant une parodontite
- Mettre en œuvre les mêmes mesures préventives.
- Réduire le biofilm sous-gingival et l’inflammation à l’aide d’un détartrage/surfaçage radiculaire (DSR)/polissage.
- Dans les cas d’hyperplasies gingivales localisées, l’excision chirurgicale ne sera réalisée, si possible, qu’après contrôle de l’inflammation gingivale.
Maladies respiratoires
Les maladies respiratoires atteignent les voies aériennes qui comprennent les voies nasales, les bronches et les poumons. Ce sont des affections aiguës comme la pneumonie et la bronchite, ou chroniques telles que l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). La mauvaise hygiène bucco-dentaire est un facteur prédisposant à l’infection respiratoire via les bactéries parodontopathogènes.
Données épidémiologiques
- Il existe une augmentation du risque de BPCO chez les patients atteints de parodontites.
- L’hygiène buccodentaire et le suivi professionnel réduisent l’incidence des maladies respiratoires chez des patients en soins intensifs.
Mécanismes biologiques
- Rôle de l’infection : Le biofilm dentaire constitue un réservoir de pathogènes oraux créant un environnement favorable à la colonisation secondaire par des pathogènes respiratoires (pneumocoques). Ceux-ci vont se détacher dans les sécrétions orales et être aspirés vers les poumons pour contaminer l’arbre respiratoire inférieur.
- Rôle de la réponse inflammatoire : Les bactéries orales aspirées avec les pathogènes respiratoires influencent leur adhésion en stimulant la production de cytokines induisant des changements cellulaires de l’épithélium respiratoire.
Implications cliniques
- Il existe un bon niveau de preuve indiquant les effets positifs de l’hygiène orale sur la prévention des pneumonies nosocomiales en utilisant de la chlorhexidine.
- Rôle du chirurgien-dentiste : Prévenir les maladies parodontales et leurs conséquences en supprimant l’étiologie qu’est la composante bactérienne de la plaque dentaire, en limitant les facteurs de risque comme le tabac. L’enseignement du contrôle de la plaque dentaire doit être systématique et réévalué.
- Patients à risque : Patients hospitalisés ou en maisons de retraite.
Polyarthrite rhumatoïde
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est un rhumatisme inflammatoire chronique auto-immun dégénératif. Au niveau anatomopathologique, la membrane synoviale, quand elle s’enflamme, forme un pannus, entraînant la destruction des articulations et générant handicap et douleur. La PR s’accompagne de manifestations inflammatoires systémiques telles qu’une sécheresse buccale.

Points communs entre polyarthrite rhumatoïde et parodontite
- La PR et les parodontites chroniques se développent sous l’influence de facteurs de risque communs tels que la prédisposition génétique ou le tabac.
- La contribution des facteurs génétiques dans la PR a été évaluée à 50 %.
Rôle de la parodontite dans la pathogénie de la polyarthrite rhumatoïde
- La parodontite chronique serait impliquée dans l’initiation et l’évolution de la PR par deux voies :
- Le passage de bactéries et de cytokines pro-inflammatoires d’origine parodontale dans le sang favoriserait l’évolution de l’inflammation articulaire.
- Un rôle spécifique de Porphyromonas gingivalis (Pg) existerait. Cette bactérie est la seule identifiée à ce jour comme possédant une enzyme particulière, la peptidyl-arginine-déiminase (PAD), à l’origine d’un processus de citrullination, entraînant une modification de la structure des protéines. Elle favoriserait la génération d’anticorps anti-peptides cycliques citrullinés (anti-CCP), renforçant l’idée que la parodontite est un facteur de risque de l’initiation et/ou de l’entretien de la PR.
- La PR est associée à la production de certains anticorps (facteur rhumatoïde et anti-CCP), plus spécifiques, qui seraient clés dans le développement de cette maladie.
Implications cliniques
- Le dépistage et le traitement des parodontites doivent être réalisés chez les patients atteints de PR.
- La PR est traitée avec des immunosuppresseurs : le praticien doit prendre en compte le risque infectieux du patient.
- Rôle du chirurgien-dentiste :
- Le dépistage et la prise en charge des maladies parodontales chez les patients à risque ou souffrant de PR apparaissent comme nécessaires.
- Cette prise en charge permettra d’augmenter le confort du patient en traitant sa pathologie buccale et de limiter les effets systémiques de ces pathologies sur l’évolution de la PR.
- Une collaboration plus importante avec les rhumatologues est à envisager.
Obésité
L’obésité constitue une véritable pandémie mondiale. Elle progresse dans la très grande majorité des pays et sur tous les continents. L’obésité est un problème de santé publique car le tissu adipeux, notamment viscéral, se comporte comme un organe endocrine. Il sécrète un très grand nombre d’adipokines pro-inflammatoires qui provoquent une inflammation à bas bruit, sans doute impliquée dans l’apparition des pathologies observées chez le sujet obèse.
Définition de l’obésité
On définit l’obésité comme une accumulation anormale ou excessive de graisse dans les tissus adipeux, pouvant engendrer des problèmes de santé. Il y a obésité lorsque l’indice de masse corporelle (IMC, calculé en kg/m²) est ≥ 30.
Causes et conséquences
- L’épidémie d’obésité semble refléter un changement général de style de vie, caractérisé par une diminution du niveau d’activité physique associée à une consommation excessive de nourriture.
- Les habitudes alimentaires ont connu des bouleversements considérables avec une consommation accrue de boissons sucrées et de produits de restauration rapide.
- Conséquences de l’obésité :
- Une morbidité sévère.
- Un risque accru de maladie coronarienne.
- Un diabète de type 2.
- Une hypertension.
- Une perte de qualité de vie.
Lien avec les maladies parodontales
- Des études épidémiologiques suggèrent que l’obésité est un indicateur de risque des maladies parodontales.
- Un lien a été établi entre l’obésité et les maladies parodontales grâce à des études cliniques menées auprès des populations japonaise (Saito T. et al. 2001), américaine (Al-Zahrani et al. 2003) et d’Arabie Saoudite (Alabdulkarim et al. 2005).
- Le rôle de l’obésité dans le développement des maladies parodontales n’est pas encore fermement établi, mais il est probable qu’une modification de la sécrétion par le tissu adipeux de médiateurs pro-inflammatoires soit un élément important de la physiopathologie des complications associées à l’obésité.
Implications cliniques
- Les patients obèses répondent cliniquement au traitement parodontal.
- Le traitement parodontal peut améliorer les marqueurs systémiques de l’obésité.
- La perte de poids semble favoriser la réponse au traitement parodontal.
- Rôle du chirurgien-dentiste :
- Examen des habitudes alimentaires des patients à risque.
- Suivi alimentaire (peut-être en collaboration avec un diététicien) des patients ayant subi des extractions dentaires.
- Mise en place d’affiches (dans les cabinets dentaires) illustrant les bienfaits d’habitudes alimentaires saines.
- Vérification du poids corporel à chaque visite, pour déceler tout changement dans ce facteur chez les patients à risque.
- Aiguillage des patients à risque vers un médecin ou autre professionnel de la santé, en cas de changements importants dans le poids corporel ou les habitudes alimentaires.
- Collaboration étroite entre le nutritionniste, l’endocrinologue et le parodontiste pour améliorer les marqueurs inflammatoires et diminuer les risques de complications de l’obésité.
Cancers
Les pathologies pour lesquelles la présence d’une parodontite pourrait constituer un facteur de risque sont :
- Certains cancers oro-faciaux, digestifs, du sein et du pancréas.
- Des pathologies rénales.
- Certaines maladies neuro-dégénératives comme la maladie d’Alzheimer.
Données épidémiologiques
- Des études prospectives et cas-contrôles suggèrent une association entre parodontites et cancers orodigestifs et du pancréas.
- Le lien entre les deux affections a aussi été étudié pour d’autres types de cancer.
- La perte dentaire et une mauvaise hygiène dentaire ont été associées à des cancers du poumon, de la prostate, hématologiques et d’autres encore.
- Une association positive entre parodontites et mortalité semble indiquer que la santé parodontale pourrait être un excellent et accessible marqueur de santé.
Rôle du chirurgien-dentiste
Encourager la prévention des maladies parodontales.
Addictions
Le rôle des bactéries dans le déclenchement des parodontites est un fait bien établi (Socransky, 1970). La susceptibilité de l’hôte dans leur déclenchement, leur forme clinique et leur progression est importante. Un certain nombre de facteurs prédictifs (tabagisme ou diabète) ont été identifiés, tandis que d’autres, comme le stress psychologique, sont pressentis.
Tabac
Le tabac sous toutes ses formes est consommé au contact de la cavité buccale qui en est la première victime. L’halitose apparaît dès la première cigarette consommée. Plus tardivement se manifestent les maladies parodontales, les affections muqueuses à potentiel malin et les cancers de la cavité buccale, ainsi que les échecs des traitements chirurgicaux.
Conséquences du tabac sur le parodonte
Le tabagisme est le principal facteur de risque associé à la maladie parodontale destructrice chronique, entraînant :
- Des pertes d’attache.
- La formation de poches parodontales et de récessions gingivales.
- Une destruction des tissus osseux sous-jacents sous forme d’alvéolyse horizontale généralisée.
Concernant les tabacs non fumés : des récessions gingivales et des pertes d’attache parodontales ont été notées au niveau de la zone d’application du tabac.
Effets du tabac sur l’ostéointégration
- Les produits de combustion du tabac ont un effet délétère sur l’ostéointégration.
- Augmentation de la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires et du stress oxydatif (radicaux libres oxygénés altérant les composants cellulaires).
- Effet vasoconstricteur et altérations vasculaires liées à la nicotine fumée.
- Effet hypoxique du monoxyde de carbone libéré lors de la combustion.
- Effets cytotoxiques de la nicotine fumée sur les fibroblastes (diminution de la migration et de l’adhésion) ainsi qu’une densité osseuse diminuée.
Rôle du chirurgien-dentiste
L’odontologiste qui a intégré les notions de prévention en matière d’hygiène bucco-dentaire se trouve souvent dépourvu face au tabagisme de son patient, qui est un facteur de risque de nombreuses pathologies buccales et d’échecs de traitements.
Alcool
L’alcool possède de fortes activités modulatrices des réponses immunes innées et acquises, et pourrait être impliqué. La consommation d’alcool semble être associée à un risque accru de développer une parodontite, dû à une accumulation d’acétyle aldéhyde (produit du métabolisme de l’éthanol hautement toxique).
Toxicomanie
La toxicomanie peut être considérée comme un comportement symptomatique d’un dysfonctionnement de la personnalité. Le cannabis, appartenant aux psychodysleptiques (substances provoquant des troubles mentaux, plus spécifiquement des hallucinogènes), présente des manifestations oro-faciales communes.
Manifestations oro-faciales
- Chez la grande majorité des patients toxicomanes, un nombre très élevé de lésions carieuses ainsi que des problèmes parodontaux sévères sont remarqués, principalement dus à :
- Un manque d’hygiène.
- Le peu d’intérêt accordé à la cavité buccale.
- Des troubles alimentaires quantitatifs ou qualitatifs.
- Un terrain souvent immunodéprimé.
- Des candidoses sont également fréquemment rencontrées.
- Peuvent apparaître :
- Gingivites, stomatites.
- Hyperplasie gingivale et autres modifications de la muqueuse buccale.
- Troubles sensoriels.
- Facteur de risque de cancers buccaux.
Risque lié au cannabis
Les consommateurs de cannabis s’exposent à un risque important de maladies parodontales graves (×3), en raison notamment d’une mauvaise hygiène bucco-dentaire et d’une hyposialie (xérostomie).
Rôle du chirurgien-dentiste
- Avant tout traitement, un bilan de santé général est indispensable.
- L’interrogatoire devra préciser les substances absorbées, leur quantité, le moment et le mode de prise, en particulier de la dernière prise.
- Les séances devront, si possible, être programmées à distance de la prise des toxiques.
- Le plan de traitement proposé devra être simple, adapté à la demande de la personne, et inclure des séances courtes ; le praticien pourra insister sur l’importance de l’hygiène et du suivi dans la réussite de la prise en charge.
- Principaux risques généraux et précautions :
- Risque de problèmes cardiovasculaires imprévisibles chez le cocaïnomane.
- Majoration du risque infectieux pour les patients souffrant d’immunodépression sévère.
- Risque d’apparition de cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS).
- Risque d’endocardite infectieuse (EI).
- Éviter les prémédications sédatives, préférer une préparation psychologique.
- Vigilance face aux allergies, notamment aux esters chez le cocaïnomane ; éviter les anesthésiques de type esters comme la procaïne.
- Choix des molécules par rapport à la qualité de la fonction hépatique ; éviter les amides en cas de maladies graves du foie sauf l’articaïne.
- Limitation de l’usage des vasoconstricteurs.
- Molécule de choix : articaïne, amide, sans vasoconstricteurs avec une bonne tolérance hépatique.
- Réalisation de l’anesthésie à distance de la prise de substances : cocaïne (délai de 6 à 24 heures) ; cannabis (délai d’une semaine si emploi de vasoconstricteurs).
Conclusion
Les parodontopathies sont des maladies inflammatoires d’origine infectieuse, multifactorielles, très répandues. Des études récentes établissent des liens entre les parodontites et certains troubles/maladies systémiques, notamment les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires, les complications de grossesse et le diabète. Bien que les liens physiopathologiques et de causalité ne soient pas clairement établis, le traitement et la prévention des maladies parodontales peuvent avoir un impact décisif sur la prévention et l’évolution de ces maladies. L’existence de telles associations, malgré les controverses, renforce la nécessité d’une étroite collaboration entre le médecin et l’odontologiste, collaboration qui permet une prise en charge globale et optimale du patient.
Maladies Parodontales – Maladies Générales / Parodontologie
La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.
Maladies Parodontales – Maladies Générales / Parodontologie

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.