Réactions tissulaires au cours des déplacements dentaires / Orthopédie dento-faciale

Réactions tissulaires au cours des déplacements dentaires / Orthopédie dento-faciale

Réactions tissulaires au cours des déplacements dentaires / Orthopédie dento-faciale

Introduction

Les dispositifs orthodontiques permettent de corriger les malocclusions grâce à des déplacements dentaires provoqués induits par les forces déployées au cours du traitement. Ces mouvements impliquent l’intervention des phénomènes tissulaires des tissus parodontaux en fonction de chaque type du déplacement permettant une adaptation progressive et un retour à la situation d’équilibre.

Le déplacement dentaire physiologique

Ce déplacement dentaire spontané se produit dans une direction précise et constante chez une même espèce (chez l’homme il est mésial et vertical). Il se fait grâce au renouvellement permanent à la fois cellulaire et extracellulaire des tissus péridentaires (du desmodonte, de l’os alvéolaire et du cément).

Le remaniement du desmodonte

  • Il possède sa propre capacité de remodelage ; les fibres de collagène sont détruites et remplacées de façon continue.
  • Il a un rôle régulateur du remodelage osseux.

Remodelage de l’os alvéolaire

Il se fait selon la séquence activation-résorption-inversion-formation (ARIF) :

Activation

  • Recrutement des préostéoclastes.
  • Reconnaissance de la zone osseuse à résorber.
  • Attachement des préostéoclastes à la surface.
  • Fusion des préostéoclastes en ostéoclastes multinuclés.

Résorption

  • Les ostéoclastes détruisent le tissu osseux.

Inversion

  • Mise en jeu des cellules mononuclées type macrophages, qui établissent la limite os nouveau/os ancien (ligne cémentante).
  • Recrutement de préostéoblastes qui se différencient en ostéoblastes.

Formation

  • Apposition de tissu ostéoïde le long de la ligne cémentante.
  • Minéralisation.

Cette séquence ARIF est suivie par une phase dite de quiescence durant laquelle l’os nouveau est tapissé par des cellules bordantes.

Figure 1 : Séquence de remodelage de l’os alvéolaire : a. Quiescence ; b. activation ; c. résorption ; d. inversion ; e. formation. 1. Cellules bordantes ; 2. Préostéoclastes ; 3. Ostéoclaste ; 4. Cellule stromale ; 5. Préostéoblastes ; 6. Ostéoblastes.

Les réactions tissulaires au cours d’un déplacement dentaire provoqué (thérapeutique)

Les effets immédiats (hydropneumatiques)

Dès l’application de la force, un déplacement immédiat (initial) est apparent :

  • Dans un premier temps, il correspond à un phénomène hydraulique : on assiste au niveau desmodontal une compression des espaces vasculaires avec ischémie (fuite du sang des vaisseaux vers les tissus voisins). Le ligament est progressivement comprimé le long de la lame criblée d’un côté (responsable de la sensation de douleur à l’activation) et il est étiré sur l’autre face de l’alvéole.
  • Dans un deuxième temps, on assiste à une déformation de l’os alvéolaire (flexion alvéolaire) faisant suite à cette compression du desmodonte.

Figure 2 : Réactions tissulaires provoquées.

Les effets biologiques à court et moyen terme

Côté pression

Création de la zone hyaline
  • Au niveau des zones soumises à de fortes pressions apparaît une dégénérescence cellulaire due au manque d’apport métabolique et à la compression des fibres de collagène. Il se produit à ce niveau une nécrose aseptique, cette zone est alors constituée uniquement des fibres de collagène tassés et au microscope optique a un aspect vitrifié acellulaire : c’est la zone hyaline.
  • Elle débute au bout de 36 heures et dure en moyenne 12 à 15 jours, pendant lesquels aucun mouvement n’est perceptible (temps de latence). Chez l’adulte ou lors de l’utilisation de force excessive, elle peut persister 40 jours et plus.
Élimination de la zone hyaline
  • Les tissus réagissent à cette nouvelle situation en tentant de recréer un équilibre ; l’os est résorbé, de manière à restaurer un espace desmodontal voisin de la normale et la zone hyaline est éliminée et réoccupée par des cellules et des vaisseaux.

Résorption osseuse directe : l’élimination de la zone hyaline se fait à partir des zones latérales ligamentaires. Deux phases se succèdent dans le temps :

  • La résorption latérale directe ; dans laquelle les ostéoclastes autour de la zone hyaline résorbent la lame criblée.
  • La résorption frontale directe ; qui se produit après destruction de la zone hyaline, elle se fait à distance de la zone hyaline dans des zones de moindre pression.

Résorption osseuse indirecte : en regard de la zone hyaline ; l’activité ostéoclastique est reportée à distance du desmodonte dans les espaces médullaires, riches en cellules. Les ostéoclastes résorbent le mur alvéolaire, puis la lame criblée, par voie centripète. À ce stade, le ligament est considérablement élargi et le déplacement dentaire peut reprendre.

Reconstruction
  • Après élimination de la zone hyaline, une nouvelle couche de cément et d’os alvéolaire se dépose et sert d’ancrage aux fibrilles de collagène néoformées.

Figure 3 : Modifications histologiques au niveau d’une zone comprimée (d’après BARON). R. L. D. = résorption latérale directe. R. I. = résorption indirecte. H = hyalinisation. A. C. = apposition compensatrice. Ost.c. = ostéoclastes. Ost.b. = ostéoblastes. F = direction de la force. e. = émail.

Côté tension

Effets : Les effets du déplacement mécanique initial de la dent dans son alvéole se résument à un élargissement desmodontal quantitativement égal au rétrécissement du côté opposé.

De ce côté du desmodonte, on observe :

  • Un élargissement des espaces vasculaires.
  • Une orientation générale des faisceaux des fibres dans le sens de la traction.

Réactions : Elles sont très proches de celles observées du côté en pression, mais de sens opposé. Il se produit donc une réorganisation ligamentaire avec une augmentation de la synthèse fibrillaire et une apposition osseuse d’os fibreux immature (l’ostéoïde) qui représente la trame organique sur laquelle se déposera ultérieurement la substance minérale pour donner l’os complet.

Les différents types de déplacement dentaire

Le mouvement de version

Le mouvement de version se produit par des appareils mobiles ou fixes.

Effets : La force exercée par l’appareil pousse la dent contre la crête alvéolaire du côté opposé à la force et une première zone de pression apparaît dans le desmodonte.

Réactions :

  • Au niveau cervical :
    • Du côté du déplacement : les fibres desmodontales et le système hydraulique sont comprimées. Il y aura fréquemment apparition d’une hyalinisation suivie d’une résorption osseuse indirecte.
    • Du côté opposé au déplacement : les fibres sont étirées opposant une résistance maximum au mouvement dentaire. À ce niveau, on aura une apposition osseuse plus ou moins rapide selon la nature de la force.
  • Au niveau du centre de rotation : les fibres ligamentaires et le système hydraulique parodontal ne subiront aucunes contraintes.
  • Au niveau apical : les phénomènes sont les mêmes qu’au niveau gingival mais dans le sens inverse.

Figure 4 : Mouvement de version.

Les mouvements de torque et de redressement après version

Il s’agit de déplacement de la racine alors que la couronne est stabilisée.

Effets : Ce mouvement est obtenu en appliquant à la dent un couple de forces au niveau de la couronne grâce à un dispositif approprié et en maintenant cette couronne fixe.

Réactions : Le mouvement de redressement après version va induire la formation de zone de compression très importante à l’apex et dans une moindre mesure au niveau de la crête alvéolaire.

Le mouvement de translation

Effets : Ce mouvement correspond à un déplacement de la dent parallèlement à son grand axe (gression mésiale ou distale, vestibulaire ou linguale) ; la racine se déplace donc dans la même direction et de la même distance que la couronne.

Figure 5 : Mouvement de translation.

Réactions : La pression est répartie régulièrement sur toute la surface radiculaire du côté pression et reste faible. Pour une même force, on a une pression relativement faible par rapport aux pressions rencontrées dans un mouvement de version, ce qui va permettre de limiter voire d’éviter (selon les auteurs) la hyalinisation, donc une résorption osseuse directe avec un déplacement continu de la dent.

  • Du côté opposé : les fibres ligamentaires étirées, une apposition osseuse sur toute la hauteur de l’alvéole du côté ligamentaire et une activité de remodelage osseux du côté endosté pour essayer de maintenir constante l’épaisseur de l’os alvéolaire.

Le mouvement d’ingression

C’est le mouvement qui rencontre le maximum de résistance de la part de la dent. Ce déplacement provoque au niveau histologique :

  • Un étirement de toutes les fibres ligamentaires.
  • Une compression du système hydraulique desmodontal.
  • Une compression de l’os alvéolaire.

La zone hyaline est localisée : pour les pluri-radiculées, au sommet du septum interradiculaire et pour les mono-radiculées, à l’apex de la dent.

Le mouvement d’égression

C’est le mouvement qui déplace la dent dans le sens de son évolution. Dans ce mouvement, on a uniquement un étirement des fibres desmodontales avec théoriquement aucune zone de compression, on aura donc un remodelage ligamentaire associé à une apposition osseuse.

Le mouvement de rotation

Ce mouvement correspond à une rotation autour du grand axe de la dent après l’application d’un couple de force. Trois éléments vont influencer ce déplacement :

  • La forme de la racine en section.
  • Le nombre des racines.
  • La localisation de l’axe de rotation autour duquel se fait le mouvement.

Les facteurs influençant le déplacement dentaire

Les facteurs biologiques intrinsèques

Les facteurs généraux

  • L’âge du patient : Avec l’âge, on observe des modifications quantitatives et qualitatives des tissus parodontaux qui vont pouvoir influencer les caractéristiques du déplacement dentaire.
  • Les facteurs nutritionnels : Une carence en une substance intervenant lors du déplacement dentaire peut altérer celui-ci. Ex : vitamine C, D.
  • Les facteurs endocriniens : Ex : Les modifications hormonales chez la grossesse ; augmentant la quantité d’eau dans le ligament qui devient plus compressible.

Les facteurs locaux

  • Les caractères morphologiques de la dent : (nombre et longueur des racines).
  • La dépulpation : Une dent dépulpée se déplace aussi aisément qu’une dent saine, si le canal est correctement traité et s’il n’existe pas de lésion apicale.
  • Les tissus parodontaux : L’os alvéolaire (site, densité, hauteur), le desmodonte et l’état gingival.

Les facteurs extrinsèques

Les facteurs liés aux dispositifs

En méthode Edgewise, l’objectif biomécanique est de déplacer les dents en translation, la zone de pression se répartit sur la totalité de la hauteur de la racine. À l’inverse, avec des appareils amovibles, seules des versions sont réalisées entraînant des pressions plus importantes et limitées à des zones précises de la racine.

Les facteurs liés aux forces

L’intensité, le rythme d’application et la direction de la force.

Conclusion

La connaissance des forces utilisables et des réactions histologiques engendrées par le déplacement dentaire aussi bien physiologique que provoqué va permettre au praticien de mieux contrôler le déplacement en utilisant des systèmes de forces et des dispositifs appropriés ne déclenchant pas de réactions pathologiques irréversibles.

Bibliographie

  1. Bassigny.F ; Manuel d’orthopédie dento-faciale ; MASSON. 1983.
  2. Duhart.AM, Bardinet. E ; Biomécanique et notion de force légère ; EMC 23-490-B$10 ; 1997$; P. 23.
  3. L. Massif, L. Frapier ; Orthodontie et parodontie, EMC 23-490-A-07 ; P. 16.

Réactions tissulaires au cours des déplacements dentaires / Orthopédie dento-faciale

  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

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