Les Bases fondamentales de l’occlusion / Prothèse Dentaire
Introduction
On ne parle d’occlusion dentaire que lorsque les dents entrent en contact. Elle caractérise les rapports dynamiques entre les dents, notamment lors de la mastication ou de la déglutition. Toute édentation, même restreinte, peut perturber l’occlusion ainsi que l’équilibre neuromusculaire de la face. Il est donc essentiel de restaurer cette occlusion pour préserver cet équilibre et éviter tout dysfonctionnement.
Définitions
Occlusion
L’occlusion désigne toute relation de contact entre les dents des deux maxillaires (arcades). Cette notion englobe :
- Les différentes positions de la mandibule.
- L’état de fermeture ou de contact des dents sous contraction musculaire.
- L’occlusion étant une position, elle est statique.
Articulé
L’articulé se définit par le passage d’une position occlusale à une autre sans perte de contact des dents. Il s’agit des relations de frottement des dents entre elles pendant la fermeture. L’articulé est un mouvement, donc dynamique.
Engrènement
L’engrènement est la pénétration des cuspides dans les sillons inter-cuspidiens ou interdentaires des dents antagonistes. Il s’agit du contact des dents cuspidées opposées entre elles.
Procclusion
La procclusion survient lorsque la mandibule est trop en avant par rapport au maxillaire.
Rétrocclusion
La rétrocclusion se produit lorsque la mandibule est en retrait par rapport au maxillaire.
Rappel anatomique de l’appareil manducateur
Articulation temporo-mandibulaire (ATM)
L’ATM est une diarthrose articulaire bicondylienne unissant la mandibule au massif crânien. Elle est constituée de :
- Deux surfaces articulaires osseuses : la cavité glénoïde du temporal et le condyle mandibulaire.
- Des moyens d’union : la capsule articulaire et les ligaments.
- Des moyens de glissement : les synoviales et le disque (ménisque) articulaire.
Muscles
On distingue :
Muscles élévateurs
- Temporal
- Masséter
- Ptérygoïdien interne (médian)
Muscles abaisseurs
- Ptérygoïdien externe (latéral)
- Digastrique
- Mylo-hyoïdien
- Génio-hyoïdien
Organe dentaire et son parodonte
Odonte
Les articulations dento-dentaires (contacts dento-dentaires) constituent le support mécanique de l’occlusion, permettant le calage de la mandibule et guidant son déplacement. Elles distribuent les forces aux récepteurs parodontaux.
Parodonte
Le parodonte est un complexe tissulaire organisé qui assure la fixation de la dent à l’os alvéolaire. Il comprend :
- La gencive attachée épithéliale
- Le ligament parodontal ou desmodonte
- L’os alvéolaire et le cément
Morphologie occlusale
Secteur antérieur
Caractérisé par un bord libre et des pointes canines.
Secteur postérieur
Défini par une aire occlusale (table occlusale), c’est-à-dire la surface occlusale des dents pluricuspidées, limitée par les versants internes des cuspides vestibulaires et palatines ou linguales. Elle comprend :
Cuspides
Éminences à caractère pyramidal. On distingue :
- Cuspides primaires (ou d’appui) : Cuspides vestibulaires des dents inférieures, cuspides palatines des dents supérieures, et bord libre des incisives inférieures. Leur rôle est de fixer la dimension verticale d’occlusion.
- Cuspides secondaires (ou guides) : Cuspides vestibulaires des dents supérieures, cuspides linguales des dents inférieures, et faces palatines des dents antérieures supérieures. Leur rôle est de maintenir le bol alimentaire sur l’aire occlusale.
Crêtes marginales
Saillies représentant la limite mésiale et distale des tables occlusales.
Fosses
- Fosse centrale : Située au centre de la table occlusale des molaires, elle représente le carrefour des sillons principaux et reçoit les cuspides d’appui.
- Fosse marginale : Née entre deux cuspides et une crête marginale.
Sillons occlusaux
- Sillons principaux : Séparent les cuspides dans le sens mésio-distal et vestibulo-lingual.
- Sillons secondaires : Parcourent les pans cuspidiens internes, plus nombreux sur les pans mésiaux et distaux des cuspides secondaires. Leur rôle est de faciliter l’évacuation du bol alimentaire.
Organisation des arcades
Agencement dans le plan horizontal
Caractérisé par le parallélisme entre la courbe des cuspides primaires et celle des cuspides secondaires.

Agencement dans le plan sagittal
Caractérisé par la courbe de Spee, une courbe antéropostérieure des surfaces occlusales, partant de la canine mandibulaire, suivant les pointes cuspidiennes des prémolaires et molaires, et se terminant au bord antérieur de la branche montante de la mandibule. Sa concavité est dirigée vers le haut.
Agencement dans le plan frontal
Caractérisé par la courbe de Wilson, une courbe à concavité supérieure passant par les sommets cuspidiens vestibulaires et linguales des prémolaires et molaires des deux côtés.
Plan d’occlusion prothétique (POP)
Plan imaginaire selon lequel les deux arcades se rencontrent. Il passe par :
- Le bord libre des incisives centrales supérieures
- La pointe canine supérieure
- Les cuspides palatines et vestibulaires des deux prémolaires supérieures
- La pointe de la cuspide mésio-palatine de la première molaire supérieure
Overbite et overjet

- Overbite (recouvrement vertical) : Recouvrement vertical des incisives inférieures par les incisives supérieures.
- Overjet (surplomb) : Recouvrement horizontal des incisives inférieures par les incisives supérieures.
Physiologie de l’occlusion
Étude statique de la fonction occlusale
Position de repos
Définie par l’Académie de prothèse dentaire aux États-Unis comme la position occupée par la mandibule lorsque la tête est droite, les muscles élévateurs et abaisseurs étant en équilibre et en tonicité minimale, sans contrainte sur les condyles dans la cavité glénoïde.
Espace libre (free way space)
Caractérisé par l’absence de contact dentaire en position de repos. La distance, mesurée au niveau des cuspides mésiales de la première molaire, est estimée entre 1,8 mm et 2,7 mm. Cet espace est nécessaire à l’équilibre neuromusculaire.
Position occlusale d’intercuspidation maximale (PIM)
Obtenue lorsque les arcades dentaires présentent un maximum de points et de surfaces de contact, sous la dépendance du système neuromusculaire. Elle est physiologique lorsque les condyles occupent des relations articulaires symétriques et la musculature est en équilibre.

Classes d’Angle molaire
- Classe I (Normocclusion) : La molaire supérieure est en position distale d’une demi-cuspide par rapport à la molaire inférieure.

- Classe II (Distocclusion) : La molaire supérieure est en avance d’une demi-cuspide par rapport à la molaire inférieure.

- Classe III (Mésiodclusion) : La molaire supérieure est en distocclusion de plus d’une demi-cuspide par rapport à la molaire inférieure.

Classes d’Angle canine
- Classe I (Normocclusion) : La canine supérieure est en position distale d’une demi-dent par rapport à la canine inférieure.
- Classe II : La canine supérieure est en avance d’une demi-dent par rapport à la canine inférieure.
- Classe III : La canine supérieure est en distocclusion de plus d’une demi-dent par rapport à la canine inférieure.
Dimension verticale de repos (DVR)
Distance entre le point sous-nasal et le point mentonnier lorsque la mandibule est en position de repos. Elle est constante si l’état de la musculature des élévateurs reste stable, mais peut varier en cas de malocclusions ou de stress.
Dimension verticale d’occlusion (DVO)
Hauteur de l’étage inférieur de la face lorsque les dents sont en intercuspidation maximale.
Position de relation mandibulaire centrée
Relation mandibulo-crânienne de référence, constante, indépendante des dents, plaçant les condyles dans une position symétrique, la plus postérieure et la plus haute, mais non forcée, dans leur cavité glénoïde.
Occlusion en relation centrée (ORC)
Position occlusale d’intercuspidation maximale lorsque les condyles sont en relation centrée. Selon Posselt, cette position est physiologique dans seulement 10 % des cas.
Occlusion de convenance (occlusion habituelle)
Occlusion d’adaptation évoluant avec le vieillissement physiologique ou l’altération pathologique de l’appareil manducateur. Elle peut être :
- Équilibrée et fonctionnelle, à respecter.
- Déséquilibrée, accompagnée de symptômes pathologiques, nécessitant une correction.
Étude dynamique de la fonction occlusale
Les mouvements mandibulaires, variés, comprennent des mouvements fonctionnels (mastication, déglutition, phonation) et parafonctionnels. Ils se classent en :
- Mouvements verticaux : ouverture et fermeture buccale.
- Mouvements horizontaux : déplacements antéro-postérieurs et latéraux.
- Mouvements mixtes : combinaison des mouvements horizontaux et verticaux.
Dans le plan sagittal
Mouvement d’ouverture
Se décompose en plusieurs phases :
- 1ère phase (de I à II) : À partir de la position de relation centrée, la mandibule s’abaisse, décrivant un arc de cercle d’environ 2 cm, correspondant à une rotation simple des condyles dans leurs cavités glénoïdes.
- 2ème phase (de II à III) : Au-delà de cette limite, les condyles se déplacent en bas et vers l’avant par rototranslation.
- 3ème phase (de III à 5) : Ouverture maximale en propulsion maximale.
- 4ème phase (de III à 2) : Ouverture maximale en intercuspidation maximale.
- Point r : Position de repos.
Mouvement de fermeture
- Chemin de fermeture : Trajet de la mandibule depuis la position de repos jusqu’à l’intercuspidation maximale.
- Axe charnière : Axe de rotation imaginaire unissant le centre de rotation de chaque condyle en relation centrée, localisable lors d’un mouvement d’ouverture-fermeture contrôlé de faible amplitude.
Trajectoire condylienne en propulsion
En l’absence de contact dentaire, la trajectoire condylienne suit un trajet en bas et en avant, en forme de « S » très ouvert, assimilable à une droite. Cette dernière forme un angle avec le plan de Francfort, caractérisant la pente condylienne.
- Du point 1 au point 2 : Glissement centré ou excentré de 5 à 6 mm vers l’avant.
- Du point 2 au point 3 : Glissement du bord libre des incisives inférieures sur les faces palatines des incisives supérieures jusqu’au bout-à-bout.
- Du point 3 au point 4 : Passage des incisives inférieures sur les incisives supérieures.
- Point 4 : Perte de contact incisif.
- Du point 4 au point 5 : Mouvement vers le haut jusqu’à la propulsion extrême.
Propulsion
Trajet des incisives inférieures glissant sur les faces palatines des incisives supérieures depuis l’intercuspidation maximale jusqu’au bout-à-bout (côté travaillant). Elle s’accompagne d’un désengrènement au niveau des molaires (côté non travaillant). Un contact persistant indique une interférence non travaillante. Si la propulsion repose sur une seule incisive, il s’agit d’une interférence travaillante.
Dans le plan horizontal
Mouvements de latéralité
La projection du dentalé donne l’arc gothique de Gysi, dont le sommet représente la position 1 du diagramme de Posselt. Les côtés du losange représentent les trajectoires du dentalé en diduction.
- Condyle travaillant (T) : Celui vers lequel le mouvement se fait, exécutant une rotation avec une légère translation.
- Condyle non travaillant (NT) : Se déplace plus significativement en avant, en bas et vers la ligne médiane.
- Mouvement de Bennett : Déplacement latéral du condyle travaillant.
- Angle de Bennett : Angle formé par le déplacement du condyle non travaillant et le plan sagittal médian.

Au niveau dentaire
Si la mandibule se déplace vers la droite (côté travaillant), les cuspides vestibulaires des dents mandibulaires s’opposent aux cuspides vestibulaires des dents maxillaires. Du côté gauche (non travaillant), il y a une désocclusion (absence de contact).
Examen du côté travaillant
- Occlusion avec protection canine : Contact exclusif entre les canines supérieures et inférieures.
- Occlusion avec fonction de groupe : Participation du groupe prémolo-molaire en plus de la canine.
- Fonction antérolatérale : Participation de la canine et de la latérale.
- Fonction nulle : Mouvement porté par une ou deux molaires.
Examen du côté non travaillant
Normalement, une désocclusion est observée. Un contact indique une interférence non travaillante.
Notes
- Les mouvements fonctionnels s’inscrivent dans l’enveloppe des mouvements extrêmes.
- Les mouvements de mastication commencent et se terminent en intercuspidation maximale.
- Lors de la déglutition, la mandibule est stabilisée par le contact entre les dents supérieures et inférieures.
Les Bases fondamentales de l’occlusion / Prothèse Dentaire
La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.
Les Bases fondamentales de l’occlusion / Prothèse Dentaire

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.