L'Attache Épithéliale – Histologie Dentaire

L’Attache Épithéliale – Histologie Dentaire

L’Attache Épithéliale – Histologie Dentaire

Introduction

L’appareil d’attache dentaire est composé de l’épithélium jonctionnel, également appelé attache épithéliale, qui relie la gencive à la dent, et de l’attache conjonctive, constituée des fibres gingivo-dentaires et desmodontales insérées dans le cément et l’os alvéolaire.

Définition de l’Attache Épithéliale

L’attache épithéliale est la zone gingivale située tout autour de la dent, entre le fond du sulcus coronaire, les fibres les plus superficielles du desmodonte apicalement et la surface dentaire, à laquelle elle adhère dans la zone de jonction amélo-cémentaire en dedans chez le sujet jeune et sain. C’est un ensemble biologique qui sépare le milieu intérieur de la cavité buccale. Elle constitue une barrière physiologique et physique dont la cohésion conditionne l’intégrité des structures parodontales sous-jacentes.

Histogenèse

C’est Schroeder et Listgarten (1977) qui ont établi la terminologie d’épithélium de jonction et d’attache épithéliale. Ils décrivent chez le primate une attache épithéliale primaire et une attache épithéliale secondaire.

Attache Épithéliale Primaire

Avant l’éruption de la dent dans la cavité buccale, la surface de l’émail est recouverte par l’épithélium adamantin réduit (E.A.R). Les améloblastes réduits, de forme cuboïde, sont reliés à la surface de l’émail par une mince couche non minéralisée appelée cuticule primaire. Entre la cuticule et les améloblastes se trouve une structure homologue d’une lame basale interne. La membrane cytoplasmique des améloblastes est rectiligne et présente de nombreux hémi-desmosomes. L’ensemble formé par la lame basale interne (E.A.R./dent), les hémi-desmosomes, l’épithélium adamantin réduit et la lame basale externe (interposée entre l’émail et le sac péri-dentaire) constitue l’attache épithéliale primaire.

Transition entre Attache Épithéliale Primaire et Secondaire

Au moment de l’éruption, on observe :

  • Une augmentation de l’épaisseur de l’épithélium buccal sus-jacent.
  • Les cellules superficielles de l’E.A.R. se divisent (cellules de la couche papillaire).
  • Les améloblastes ne se multiplient pas, ils prennent un aspect aplati et restent attachés à l’émail par des hémi-desmosomes et la lame basale interne.

Au moment de l’effraction :

  • L’épithélium buccal et l’épithélium adamantin réduit entrent en contact.
  • L’épithélium buccal, du fait de sa prolifération, glisse le long de l’E.A.R.
  • L’ensemble des cellules de l’E.A.R. prend l’aspect d’un épithélium squameux pluri-stratifié.

Tout au long de l’éruption, les améloblastes se transforment en simples cellules épithéliales et sont éliminés lorsque la couronne émerge dans la cavité buccale. Après l’éruption, il devient impossible de distinguer dans l’épithélium de jonction les cellules issues de l’épithélium buccal de celles issues de l’épithélium adamantin, qui sont progressivement remplacées par les cellules d’origine buccale (Schroeder et Listgarten, 1997).

Formation du Sulcus

Au fur et à mesure que la dent fait son éruption, un sillon se creuse entre la surface de l’émail et la gencive. Ce sulcus se développe suite à la désintégration et à la perte des cellules superficielles de l’épithélium de jonction. La présence de nombreux leucocytes au sein de cet épithélium favorise le processus de désintégration cellulaire. Au terme de l’éruption, la couronne dentaire est entourée d’un sillon de 1 à 2 mm de profondeur, appelé sulcus.

Structure Histologique

De la dent vers le tissu conjonctif, l’attache épithéliale est constituée de : une cuticule dentaire, une lame basale interne, des hémi-desmosomes, les cellules de l’épithélium de jonction et une lame basale externe. À la surface de l’émail, on peut observer de façon inconstante du cément afibrillaire et une bordure linéaire.

Schéma des Structures de la Jonction Gingivo-Dentaire

  1. Surface de l’émail
  2. Lame basale externe
  3. Épithélium de jonction
  4. Lame basale interne
  5. Cuticule dentaire
  6. Bordure linéaire
  7. Cément afibrillaire
  8. Cément fibrillaire

Le Cément Afibrillaire

Il se présente sous forme d’éperons ou d’îlots minéralisés, adhérents à la surface de l’émail cervical sur une bande de 2 mm. Il se forme lorsque la dent est en contact direct avec le tissu conjonctif, par suite de la régression de l’épithélium adamantin réduit. À ce niveau, la dénudation de la surface de l’émail conduit à l’activation des cémentoblastes et à l’accumulation de leurs produits de sécrétion. La minéralisation du cément fibrillaire se produit sur ce substrat matriciel, sans incorporation de fibres de collagène issues du sac folliculaire. C’est un cément acellulaire qui s’appose par laminations successives à la surface de la dent.

La Bordure Linéaire

C’est une fine structure électron-dense, d’une épaisseur constante de 12 à 20 nm, interposée entre la dent et la lame basale interne. Elle se forme vraisemblablement à partir de la condensation d’éléments protéiniques issus du fluide gingival.

La Cuticule Dentaire

C’est une mince couche de 4 à 15 nm d’épaisseur, interposée entre la surface de l’émail ou du cément et l’épithélium de jonction. Elle est composée essentiellement de protéines globulaires et résulte de l’accumulation des produits de sécrétion des cellules épithéliales. Selon Charon, c’est une véritable colle biochimique.

La Lame Basale Interne

Elle relie l’émail à l’épithélium de jonction, avec une épaisseur moyenne de 60 à 20 nm. De la zone la plus proche de la dent vers les cellules, on observe successivement :

  • Une sub-lamina lucida électron-claire de 9,5 nm d’épaisseur, interprétée comme une zone de forces électrostatiques.
  • Une lamina densa de 40 nm d’épaisseur, formée de complexes glycoprotéiniques associés au collagène type 4.
  • Une lamina lucida de 15 nm d’épaisseur.

La lame basale interne est produite par les améloblastes réduits, puis par les cellules épithéliales de jonction. Dans la portion la plus cervicale de l’attache, les cellules involuent et desquament, ce qui entraîne l’absence de formation de lame basale interne à ce niveau.

Les Hemi-Desmosomes

Ce sont des moitiés de desmosomes constituant un moyen d’union efficace entre les cellules épithéliales et la lame basale. Ils sont constitués par une plaque d’attachement doublant le feuillet interne de la cellule, d’où partent des tonofilaments, de fins filaments traversant la paroi des cellules épithéliales pour s’infiltrer dans la lamina densa. En regard de la lame basale interne, leur répartition est homogène, ils sont nombreux et rapprochés par rapport à la lame basale externe.

Les Cellules de l’Épithélium de Jonction

C’est un épithélium pavimenteux, stratifié, non kératinisé, constitué de trois couches, formées de 15 à 30 assises cellulaires au total, en continuité directe avec l’épithélium oral sulculaire. Au niveau apical, on trouve uniquement 1 à 3 cellules.

La Couche Basale ou Zone Basale

Elle est formée d’une seule assise cellulaire, accolée à la lame basale externe qui la sépare du chorion gingival sous-jacent par des hémi-desmosomes, dépourvue de mélanocytes et de cellules de Langerhans. Elle peut avoir 1,5 à 2 mm de long, alors que le fond du sulcus peut n’avoir que 150 à 200 µm de long. Les cellules basales ont une forme cuboïde ou légèrement ovalaire, leur noyau est volumineux, et l’équipement intra-cytoplasmique est bien développé, particulièrement l’appareil de Golgi. L’indice mitotique est très élevé, une partie des cellules filles issues de la mitose migre obliquement et coronairement vers les assises cellulaires superficielles. Les cellules sont unies entre elles par des desmosomes, tandis que les hémi-desmosomes sont répartis à raison d’environ trois par µm sur la lame basale externe.

La Couche Supra-Basale ou Zone Médiane

Les cellules ne présentent pas de signe de différenciation en kératine, elles s’aplatissent, et leur grand axe devient parallèle à la surface dentaire. Coronairement, elles sont très allongées et s’intègrent parfois à l’épithélium oral sulculaire. Les cellules présentent un noyau allongé, un appareil de Golgi et un réticulum endoplasmique granulaire bien développé. Des microvillosités assurent les contacts inter-cellulaires. Sur la face dentaire, les cellules sont reliées à la lame basale interne par des hémi-desmosomes, très nombreux et rapprochés. Ces cellules faisant face aux structures dentaires (émail et cément acellulaire afibrillaire) sont nommées cellules DAT (Schroeder, 1966).

À ce niveau, on note une diminution du volume occupé par les tonofilaments, une diminution de la densité des desmosomes, et les espaces inter-cellulaires occupent un volume important. C’est le seul endroit de la muqueuse buccale où il n’existe pas de barrière de perméabilité, permettant la diffusion des polynucléaires et des éléments sériques du conjonctif vers le milieu buccal, tandis que les produits bactériens peuvent diffuser du milieu buccal vers les tissus conjonctifs sous-jacents. Ce double courant est le théâtre d’un conflit d’équilibre entre les éléments de résistance tissulaire et les agressions de la plaque bactérienne. Ainsi, l’épithélium de jonction constitue une clé pour l’initiation de la lésion parodontale. Cet infiltrat inflammatoire (PMN, macrophages, cellules de Langerhans) occupe 1 à 3 % des espaces inter-cellulaires et forme une barrière cellulaire pour empêcher les bactéries d’adhérer aux cellules épithéliales et à la surface dentaire sur une hauteur de 1 mm, déterminant ainsi une zone appelée Plaque Free Zone (Vrahopoulis et al).

La Couche Superficielle ou Zone Coronaire

Elle est constituée de quelques assises cellulaires formant le fond du sulcus, dont le grand axe cellulaire est parallèle à la surface dentaire. Les cellules n’ont aucune tendance à la kératinisation et présentent progressivement des aspects dégénératifs : involution des organites intra-cytoplasmiques, présence de gouttelettes lipidiques, condensation du cytoplasme, nombreux tonofilaments face à la lame basale interne. Les hémi-desmosomes sont petits et moins nombreux que dans les autres couches. Les cellules les plus superficielles se desquament dans le sulcus.

La Matrice Extracellulaire Épithéliale de l’Épithélium de Jonction

Les espaces inter-cellulaires sont très minces. Cette matrice ne contient aucune protéine fibreuse (par opposition au conjonctif) et est composée de glycoprotéines, de protéoglycanes, de lipides et d’eau. Elle joue un rôle dans l’adhésion à la surface dentaire et à la membrane basale, ainsi que dans la régulation de la diffusion d’eau, de nutriments et de substances toxiques (antigènes et métabolites bactériens) à travers l’épithélium.

La Lame Basale Externe

Elle relie l’épithélium de jonction au chorion sous-jacent, avec une épaisseur de 100 nm. Son trajet est rectiligne (absence de crêtes épithéliales et de papilles conjonctives). Elle est constituée d’une lamina lucida et d’une lamina densa de 50 nm chacune. De fins filaments d’origine épithéliale traversent la lamina lucida pour s’unir à la lamina densa, et des fibres d’ancrage conjonctives relient la lamina densa au chorion de l’attache.

Le Conjonctif de l’Attache ou le Chorion Sous-Jacent

Sa structure ne montre aucune papille conjonctive. Les cellules immunitaires sont rares (quelques neutrophiles et rares lymphocytes T). La vascularisation est bien formée. L’innervation de l’attache épithéliale saine se limite à quelques terminaisons libres. Des trousseaux de fibres collagènes sans orientation préférentielle, issus du cément, se réunissent en faisceaux avec les fibres de la gencive libre de même origine.

Physiologie

L’attache épithéliale assure plusieurs rôles, parmi lesquels :

  • L’adhésion de la surface gingivale aux surfaces dures dentaires.
  • Le renouvellement cellulaire, qui maintient une épaisseur constante.
  • La desquamation des cellules superficielles dans le milieu buccal, qui assure l’élimination des corps étrangers fixés.
  • Un rôle de défense assuré par les cellules phagocytaires (Plaque Free Zone).
  • La réparation des structures en cas de lésions.

Conclusion

L’attache épithéliale représente la porte d’entrée du ligament parodontal. Son atteinte peut compromettre l’ensemble du système d’attache dentaire. Il est donc crucial d’éliminer tous les facteurs locaux, de prévenir leur installation et de respecter son intégrité lors des thérapeutiques dentaires (restaurations prothétiques, endodontiques, orthodontiques et parodontales).

L’Attache Épithéliale – Histologie Dentaire

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