Le fluide gingival – Parodontologie

Le fluide gingival – Parodontologie

Introduction

La cavité buccale est un environnement physico-chimique dynamique fait d’éléments en transit comme l’air et les aliments et d’éléments propres comme le fluide oral, la flore buccale et le système immunitaire oral.

Le fluide oral consiste en des sécrétions salivaires enrichies par le fluide gingival. La salive baigne dans la cavité buccale, et le fluide gingival baigne dans le sulcus. Ce dernier présente des propriétés différentes de celles de la salive.

Définition du fluide gingival

Le fluide gingival (F.G), encore appelé fluide gingival créviculaire (FGC), se définit comme un liquide organique sécrété par la gencive et qui suinte du sillon gingivo-dentaire.

Le fluide gingival est considéré comme :

• Un élément propre au milieu buccal.
• Un élément provisoire car rapidement dégluti.
• Inconstant puisqu’il est très dépendant de l’état inflammatoire de la gencive.

Origine et mécanisme de production du fluide gingival

Origine sérique, ce fluide a pour origine les vaisseaux sanguins du tissu conjonctif sous-épithélial. Il filtre à partir du chorion gingival à travers la fine paroi créviculaire.

Ce liquide dérivé du plasma résulte d’une transsudation ou d’une exsudation :

• Transsudation : Passage de sérum ou d’autres liquides corporels à travers une muqueuse, une membrane ou un tissu.
• Exsudation : Passage de liquide de nature séreuse dû à une modification de la perméabilité de la membrane consécutive à une inflammation.

On peut donc être en présence d’un fluide gingival d’origine simplement interstitielle dû à une différence de pression osmotique (transsudat) ou d’un fluide gingival réellement inflammatoire (exsudat).

Composition du fluide gingival

La composition du fluide gingival est comparable à celle du sérum sanguin. Il est composé de :

Eau

Cellules

• Cellules épithéliales desquamées : Proviennent de l’épithélium sulculaire et de l’épithélium jonctionnel.
• Micro-organismes : La quantité des bactéries augmente avec l’inflammation.
• Cellules de défense : Granulocytes neutrophiles, monocytes, polymorphonucléaires, lymphocytes et plasmocytes. Le nombre des leucocytes augmente avec l’inflammation.

Facteurs du complément

Surtout les facteurs C3 et C4.

Éléments minéraux

Électrolytes, notamment :

• Sodium
• Calcium
• Potassium
• Fluor

Constituants organiques

Protéines

• Acides aminés
• Albumines (gamma M et gamma G)
• Fibrinogènes, facteurs fibrinolytiques
• Immunoglobulines : IgA, IgG, IgM, en quantité comparable à celle du plasma
• Enzymes : D’origine bactérienne ou lysosomiale, incluant des protéases, phosphatases, hyaluronidases. Certaines sont pathogènes (ex. : hyaluronidases, collagénase), tandis que d’autres contribuent au potentiel antibactérien (ex. : lysozyme, peroxydase).

Lipides

• Phospholipides
• Lipides non phosphorés
• Prostaglandine E2 : Présente dans le fluide gingival, elle augmente le degré de gingivite et peut provoquer une vasodilatation, une résorption osseuse et une inhibition de la synthèse du collagène.

Glucides

Autres constituants

Produits des métabolismes gingivaux et bactériens, incluant :

• Hydroxyproline : Acide aminé spécifique du collagène, signe de dégradation de ce dernier.
• Sulfate d’hydrogène (H2S) : Sans doute d’origine bactérienne, c’est un puissant toxique cellulaire.
• Urée : Beaucoup plus abondante que dans le plasma ou la salive.

Rôles du fluide gingival

Rôle de protection et de défense

Le fluide gingival s’écoule continuellement à travers le sulcus, le débarrassant des matériaux qui s’y trouvent (rôle de protection mécanique par dilution des substances toxiques accumulées dans le sulcus).

Si l’agression persiste, le fluide gingival augmente et prend la forme d’un véritable exsudat inflammatoire, riche en protéines, en diverses molécules aux propriétés défensives, et un arsenal de polymorphonucléaires neutrophiles, d’immunoglobulines et d’enzymes (protection antibactérienne).

Le fluide gingival apporte également au milieu buccal les facteurs du complément, qui n’existent qu’à l’état de trace dans la salive.

Rôle dans l’adhésion épithéliale

Le fluide gingival contient des protéines plasmatiques collantes qui peuvent renforcer l’adhésion de l’attache épithéliale à la dent.

Limites et contribution à la plaque bactérienne

Le fluide gingival permet une certaine défense de l’organisme face à l’agression bactérienne, mais cette défense apparaît comme largement insuffisante. Il peut également servir de milieu de culture bactérienne (substrat nutritionnel) et contribuer à la formation de la plaque bactérienne et du tartre sur les surfaces dentaires.

Considérations cliniques du fluide gingival

Au niveau d’une gencive cliniquement saine, un minime flux de fluide gingival est observé dans le sulcus gingival. Toute augmentation du flux constitue un indice clinique d’inflammation gingivale.

Les facteurs suivants peuvent accroître le flux du fluide gingival :

• Mastication d’aliments durs
• Brossage et massage dentaire
• Ovulation
• Contraceptifs hormonaux

La progestérone et les œstrogènes augmentent la perméabilité des vaisseaux sanguins et l’afflux du fluide gingival.

Les antibiotiques peuvent passer de la circulation sanguine dans le sulcus gingival par l’intermédiaire du fluide gingival.

Techniques de mise en évidence du fluide gingival

Avant chaque prélèvement, un nettoyage du site est effectué à l’aide de compresses stériles et de sérum physiologique, suivi d’un isolement et d’un assèchement du site de prélèvement.

Après un délai de quelques minutes, le prélèvement peut être effectué :

• Pointes de papier : Introduites dans le sillon, elles s’imprègnent du fluide jusqu’à un certain niveau pendant une unité de temps déterminée.
• Micro-pipettes/microseringues : Ces tubes capillaires sont délicatement insérés dans le sulcus, puis soumis à une aspiration.

Techniques avancées

Des techniques plus élaborées, telles que l’utilisation du Periotron, sont réservées en général à la recherche. Le Periotron utilise un papier filtre introduit à la jonction dento-gingivale pour recueillir le fluide gingival, puis mesure sa quantité à l’aide d’un dispositif précis. Cependant, son coût limite son exploitation pour l’étude d’un grand nombre d’individus.

Conclusion

La cavité buccale est un écosystème complexe et dynamique dont l’équilibre est fragile. Le fluide gingival participe à sa protection contre les agressions microbiennes, à condition que l’individu respecte les mesures d’hygiène buccodentaire. Cela justifie l’intérêt de connaître la nature et la physiologie du fluide gingival.

Le fluide gingival – Parodontologie

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