Contrôle de l'infection au cabinet : Hygiène hospitalière et hygiène au cabinet dentaire

Contrôle de l’infection au cabinet : Hygiène hospitalière et hygiène au cabinet dentaire

Contrôle de l’infection au cabinet : Hygiène hospitalière et hygiène au cabinet dentaire

Introduction

Au cabinet dentaire, la stérilisation des instruments est une obligation afin d’éviter au patient comme au praticien une infection nosocomiale par contamination croisée. Tous les dispositifs médicaux en contact direct avec le patient, susceptibles de provoquer un saignement ou de petites lésions de la peau ou des muqueuses, doivent être stérilisés après chaque utilisation. L’objectif est d’empêcher la transmission des maladies infectieuses entre les patients, le personnel du cabinet médical et le laboratoire dentaire, et inversement. En l’absence de « patients à risque spécial », toutes les personnes interagissant avec le cabinet sont considérées comme potentiellement porteuses de pathologies, jusqu’à preuve du contraire. Par conséquent, les règles d’hygiène doivent être uniformes pour tous, patients et personnel du cabinet dentaire.

Le processus de stérilisation comporte plusieurs étapes indispensables : prédésinfection, nettoyage, conditionnement et stérilisation.

Définitions de l’hygiène

Hygiène

Du grec « hygieinon » qui signifie « santé ». Ensemble des mesures individuelles ou collectives visant à prévenir ou à conserver la santé : hygiène de vie, hygiène corporelle, hygiène alimentaire, hygiène buccodentaire, etc.

Hygiène hospitalière

Ensemble des mesures relatives à la politique de prévention et de lutte contre les infections associées aux soins (IAS), dont les infections nosocomiales (IN). Ensemble des règles, principes, techniques et comportements visant à prévenir l’apparition et la transmission de micro-organismes pathogènes au sein d’un service ou d’un établissement de soins.

Infection ou maladie infectieuse

Pénétration et développement dans un être vivant de micro-organismes pouvant provoquer des lésions en se multipliant, en sécrétant des toxines ou en se propageant par voie sanguine.

Types d’infections

  • Infection communautaire : Survenant chez tout individu sans terrain pathologique favorisant.
  • Infection associée aux soins et infection nosocomiale : Survenant chez un individu sur un terrain fragilisé par une pathologie nécessitant une prise en charge en soins.

Définition des infections associées aux soins (IAS)

Une infection est dite IAS si elle survient au cours ou à la suite d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient, et si elle n’était ni présente, ni en incubation au début de la prise en charge.

Types d’IAS

  • IAAS : Infections associées aux actes de soins.
  • IAES : Infections associées à l’environnement des soins (ex. : aspergillose liée à l’air, légionellose liée à l’eau).

Définition des infections nosocomiales (IN)

Du grec « nosokoméone26one » qui signifie « hôpital ».

Caractéristiques d’une infection nosocomiale

  • Contractée à l’hôpital.
  • Apparaît au-delà de 48 heures d’hospitalisation.
  • Absente à l’admission à l’hôpital.
  • Non en incubation.
  • Lien causal entre hospitalisation et infection.
  • Une infection du site opératoire est une IN si elle survient dans les 30 jours suivant une intervention chirurgicale ou dans l’année en cas de pose de prothèse ou d’implant.

Note : Une IN est une forme d’IAS.

Prévention technique

Basée sur le respect des mesures universelles en matière d’hygiène, de désinfection et d’asepsie pour interrompre les voies de transmission de l’agent infectieux.

Mesures principales

  1. Stérilisation ou désinfection de haut niveau : Les instruments en contact avec les muqueuses du patient doivent être nettoyés minutieusement, puis désinfectés ou stérilisés.
  2. Protection du soignant :
    • Port d’un masque et de lunettes ou écran de protection pour éviter les projections (19 à 36 % des contacts cutanéo-muqueux selon certaines études).
    • Masque pour protéger le patient si le praticien est atteint d’une infection respiratoire (rhinite, grippe).
    • Lunettes ou visières suffisamment larges pour protéger les yeux des projections à risque.
  3. Port de gants :
    • Nouvelle paire pour chaque patient.
    • Gants adaptés à la main, imperméables, résistants aux produits chimiques, maintenant la sensibilité tactile.
    • Double paire recommandée pour les actes chirurgicaux ou sur patients à sérologie positive.
    • Lavage des mains obligatoire après retrait des gants.
  4. Vêtements professionnels :
    • Blouse ou tablier changé régulièrement, surtout s’ils sont souillés.
    • Manches courtes ou semi-longues pour faciliter le lavage des mains.
    • Matériaux supportant des lessives à haute température pour garantir la désinfection.
  5. Gestion des objets tranchants :
    • Proscrire le recapuchonage des aiguilles.
    • Jeter immédiatement les objets coupants dans un conteneur imperméable (ex. : contenant de l’eau de Javel à 12°).
  6. Manipulation des instruments :
    • Éviter le passage direct des instruments entre le chirurgien-dentiste et l’assistant.
    • Utiliser un champ ou un plateau pour déposer les instruments.
  7. Traitement des empreintes et prothèses :
    • Nettoyage et désinfection avant envoi au laboratoire de prothèse dentaire.

Hygiène des mains

L’hygiène des mains est capitale en médecine dentaire pour la sécurité du patient et du praticien.

Règles principales

  • Ongles : Coupés courts.
  • Bijoux : Éviter les bijoux aux mains et poignets (risque de blessures, niches pour micro-organismes, obstacle au lavage).
  • Lavage des mains :
    • Avant et après chaque soin, et dès que les mains sont souillées.
    • Ne remplace pas le port des gants, et vice versa.
    • Proscrire les bains de savon.
  • Désinfection des mains :
    • Action bactéricide par effet chimique, dès qu’une contamination a eu lieu ou avant chaque soin.
    • Vise à détruire la flore transitoire.
    • Produits : Alcool à 70° ou solution antiseptique à base d’alcool, avec ajout possible de lubrifiant (ex. : glycérol à 1 % ou huile de silicone).
  • Désinfection chirurgicale des mains :
    • Avant tout acte chirurgical.
    • Élimine la flore transitoire et freine le développement de la flore résidante.
    • Effet bactéricide immédiat et prolongé (2 à 6 heures).
  • Séchage :
    • Utiliser des essuie-mains à usage unique, propres, doux, présentés en distributeur.
    • Proscrire les serviettes à usage multiple (milieux de culture pour micro-organismes).

Équipements, locaux et organisation du travail

Le nettoyage de la zone de travail et le traitement du matériel médico-chirurgical sont essentiels pour contrôler l’hygiène et l’asepsie au cabinet dentaire.

Nettoyage de la zone médicale

  • Après chaque patient :
    • Nettoyer et désinfecter toutes les surfaces touchées par des mains souillées ou sur lesquelles des instruments contaminés ont été posés.
  • L’unit dentaire :
    • Déconnecter et désinfecter/stériliser les instruments (seringues multifonctions, moteurs, turbines, détartreurs, bistouri électrique).
    • Nettoyer la surface de l’unit, qui doit être lisse et résistante aux produits de nettoyage.
  • Le crachoir :
    • Hautement contaminé, ne pas toucher sans protection.
    • Nettoyer et désinfecter après chaque patient.
  • Les embouts :
    • Stériliser les embouts de seringues à eau, air ou multifonctions s’ils ne sont pas à usage unique.
  • Autres surfaces :
    • Nettoyer et désinfecter les poignées (tablettes, tiroirs, siège, scialytique, appareil RX), interrupteurs et boutons de commande touchés pendant le traitement.
  • Méthode :
    • Utiliser des linges à usage unique ou serviettes en papier imprégnées d’une solution détergente/désinfectante.
    • Essuyer minutieusement pour éliminer les souillures, puis appliquer un désinfectant actif.
  • Équipements non médicaux :
    • Téléphone, ordinateur, etc., dans la zone médicale : utiliser des détergents ménagers et désinfectants compatibles.

Local de soin et organisation du travail

  • Local de soin :
    • Réservé exclusivement au travail au fauteuil.
    • Éviter d’y installer d’autres postes de travail (ex. : bureau du praticien).
    • Doit être entretenu et désinfecté de manière optimale.
  • Commandes et poignées :
    • Réduire les contacts avec les poignées (scialytique, tablettes) pour limiter la contamination croisée.
  • Alimentation en air et en eau :
    • Risque de réaspiration de germes lors de l’arrêt du moteur ou du spray.
    • Faire fonctionner à vide (hors bouche) les moteurs, turbines et seringues multifonctions pendant quelques secondes en début de journée et après chaque patient.
  • Mobilier :
    • Éviter de stocker les instruments dans des tiroirs près du poste de travail (contamination par l’air ambiant et lors de la préhension).
    • Préférer des plateaux préparés.

Nettoyage et désinfection des instruments

  • Importance du nettoyage :
    • Les résidus de sang ou débris réduisent l’efficacité de la désinfection/stérilisation.
    • Nettoyage manuel avec une brosse.
  • Désinfection :
    • Techniques : thermique (autoclave) ou chimique.

Chaîne d’asepsie pour le matériel médico-chirurgical

Décontamination

  • Élimination, inactivation ou inhibition momentanée des micro-organismes.
  • Immersion immédiate des instruments contaminés dans une solution désinfectante (ex. : hypochlorite de sodium dilué au 1/10ème, trempage de 30 minutes).
  • Évite le dessèchement du sang et la corrosion des instruments.

Nettoyage

  • Élimination physico-chimique des matières organiques ou minérales.
  • Après trempage, rincer abondamment à l’eau courante (<30°C) pendant 5 minutes.
  • Utiliser un détergent pour faciliter la stérilisation.

Rinçage et séchage

  • Rincer abondamment pour éliminer les résidus de désinfectant.
  • Sécher sur des serviettes non pelucheuses propres pour éviter taches, rouille ou émoussement.

Emballage ou conditionnement

  • Utiliser des sachets ou papiers fermés au ruban adhésif pour l’autoclave.
  • Boîtes métalliques perforées pour l’autoclave, fermées pour le poupinel.

Stérilisation

  • Élimination irréversible de toute vie microbienne et virale.

Stérilisation des instruments

  • Stérilisateur à air chaud (chaleur sèche) :
    • 160°C : 120 minutes.
    • 170°C : 60 minutes.
    • 180°C : 30 minutes.
  • Autoclave (vapeur d’eau saturée) :
    • 134°C, 2 atm (200 kPa) : 3 minutes.
    • 121°C, 1 atm (100 kPa) : 15 minutes.
  • Chémiclave (vapeurs chimiques insaturées) :
    • Mélange de formaldéhyde, acétone et alcools.
    • 132°C : 20 minutes.
  • Stérilisateur à billes :
    • Récipient isolé avec billes de verre et élément chauffant.
    • Utilisé pour instruments endodontiques au fauteuil.
  • Stérilisation chimique :
    • Ex. : glutaraldéhyde à 2 %, temps de contact ≥3 heures.
    • Sensible au nettoyage préalable, irritant, toxique, rinçage obligatoire à l’eau distillée stérile.
    • Usage limité.

Traitement hygiénique des contre-angles, pièces à main et turbines

  • Contamination : Salive, sang, pus (extérieur et intérieur).
  • Procédure :
    1. Faire fonctionner à vide avec spray pendant ~10 secondes pour rincer les tuyaux.
    2. Laver la face externe (brosse + détergent ou autoclaveur).
    3. Injecter le lubrifiant recommandé par le fabricant.
    4. Nettoyer les traces d’huile et les fibres optiques à l’alcool.
    5. Emballer.
    6. Stériliser (autoclave ou chémiclave, pas de stérilisateur à air chaud).
    7. Avant réutilisation, faire fonctionner à vide avec spray pendant quelques secondes.
  • Autoclaves spécifiques : Cycles raccourcis pour instruments rotatifs.

Procédures d’hygiène et d’asepsie dans un cabinet dentaire

QuoiQuandComment
Lavage et désinfection des mainsAvant chaque soin, avant la mise en place et après le retrait des gantsMouiller et savonner les mains, frotter soigneusement (surtout les ongles), rincer, bien sécher.
Lavage et désinfection des gants en caoutchoucAprès chaque utilisationBrosser avec une solution savonneuse, rincer, sécher, talquer l’intérieur avec du talc stérilisé (chaleur sèche 160-180°C), mettre dans un tambour pendant 24 heures.
Nettoyage et désinfection des plateaux et instruments manuelsImmédiatement après utilisation, avant stérilisationImmerger dans une solution désinfectante, nettoyer manuellement avec une brosse pour éliminer sang/débris, sécher, stériliser (air chaud : 160°C-120 min, 170°C-60 min, 180°C-30 min ; autoclave : 121°C-15 min, 134°C-3 min).
Nettoyage et désinfection des instruments rotatifsAprès chaque patient ou intervention à risqueFaire fonctionner à vide avec spray (~10 sec), laver la face externe (brosse + détergent), sécher, stériliser (autoclave ou chémiclave), faire fonctionner à vide avant réutilisation.
Nettoyage et désinfection des systèmes d’aspirationÀ la mi-journée, le soir, après intervention à risqueFaire aspirer 1/3 litre de solution désinfectante par la pompe à salive.
Nettoyage et désinfection du système d’alimentation en air et eauEn début de journée, après chaque patientFaire fonctionner à vide (hors bouche) moteur, turbine et seringue multifonction (~quelques sec), nettoyer la face externe avec une solution désinfectante.
Nettoyage et désinfection du crachoir, unit et autres surfacesAprès chaque patientNettoyer, puis désinfecter avec une solution aqueuse d’hypochlorite (eau de Javel à 12° diluée à 2-10 %).

Conclusion

L’extrême vigilance face à tout acte présentant un risque de contamination par le sang ou la salive permet au chirurgien-dentiste de se concentrer sur le traitement intrabuccal, garantissant la protection du patient et un travail minutieux et soigné.

Contrôle de l’infection au cabinet : Hygiène hospitalière et hygiène au cabinet dentaire

  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

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