Les dyschromies dentaires (odontologie conservatrice et endodontie)
Introduction
Le médecin-dentiste est confronté, dans son exercice quotidien, à la nécessité de répondre aux demandes esthétiques et fonctionnelles de ses patients. Les modifications de couleur des dents posent un problème esthétique majeur lorsqu’elles affectent des dents visibles. Une connaissance approfondie des mécanismes de colorations pathologiques des dents et de leurs étiologies constitue un élément clé pour une prise en charge thérapeutique optimale.
La couleur naturelle des dents
La couleur des dents est déterminée par une combinaison de facteurs, notamment la structure de l’émail, de la dentine, et la réflexion de la lumière à travers ces tissus. La teinte naturelle peut varier selon les individus et les populations, mais elle est généralement perçue comme une nuance de blanc ou de jaune clair.
Définition de la dyschromie
On utilise le terme de dyschromie pour qualifier une couleur dentaire qui s’éloigne de manière pathologique de sa teinte d’origine. La dyschromie dentaire est définie comme une modification, congénitale ou acquise, généralisée ou localisée, de la couleur normale d’une ou plusieurs dents. Elle se caractérise par son étiologie, son aspect, sa composition, sa localisation, son intensité et son étendue à la surface ou dans les structures de la dent. Selon Mignier, toute couronne dentaire dont la teinte s’écarte de sa blancheur habituelle présente une dyschromie.
Mécanismes des colorations pathologiques des dents
La dent est un lieu d’échanges avec des fluides, qu’ils soient internes (via le sang contenu dans la pulpe) ou externes (via la salive dans la cavité buccale). Ces interactions peuvent entraîner des colorations pathologiques par différentes voies.
Par voie endogène
Certains médicaments, comme les tétracyclines, contiennent des groupes pigmentaires capables de se fixer sur la dentine en formant un complexe avec les ions calcium de la trame minérale ou sur le collagène. Après oxydation par la lumière, ces pigments, initialement jaunes, peuvent évoluer vers des colorations brunes (Miara, 2006). D’autres pigments, comme les ions mercure, peuvent également se lier aux tissus dentaires par voie endogène ou exogène, provoquant des dyschromies.
Par voie exogène
L’émail peut être coloré par contact avec la salive, les aliments ou d’autres substances. La structure de surface de l’émail, sa perméabilité au niveau des fissures et des sillons, ainsi que la composition organique des zones affectées jouent un rôle important. Certains aliments et boissons (comme le thé, le café ou le vin rouge) contiennent des chromogènes qui adhèrent à la surface dentaire, tandis que des agents comme la chlorhexidine ou les fluorures peuvent induire des colorations par des réactions chimiques.
Étiologie et types de colorations
Dyschromies extrinsèques
Définition
Les dyschromies extrinsèques sont des colorations superficielles qui affectent principalement la surface de l’émail. Elles s’ancrent préférentiellement dans les sillons, dépressions et rayures de l’émail et sont généralement causées par des facteurs externes. Cependant, ces colorations peuvent parfois pénétrer plus profondément dans l’émail, voire atteindre la dentine dans certains cas, ou se manifester sur les zones de cément dénudé.
Classification
Il existe plusieurs classifications des dyschromies extrinsèques :
- La classification de Marion, basée sur la couleur et la teinte.
- La classification de Nathoo, basée sur le mécanisme chimique liant l’agent colorant à la surface de l’émail et au biofilm.
Types de colorations extrinsèques
Type | Mécanisme | Exemples |
---|---|---|
Type N1 : Coloration dentaire directe | L’agent chromogène adhère à la surface dentaire et induit une coloration. La couleur du chromogène est identique à celle de la coloration. | Boissons comme le thé, le café, le vin ; métaux ; colorants d’origine bactérienne. |
Type N2 : Coloration dentaire directe | Le chromogène change de couleur après avoir adhéré à la dent. | Colorations de type N1 qui s’assombrissent avec le temps. |
Type N3 : Coloration dentaire indirecte | Un agent non coloré (préchromogène) adhère à la dent et subit une réaction chimique qui induit la coloration. | Fluorures, chlorhexidine, alimentation. |
Dyschromies intrinsèques post-éruptives
Pathologies pulpaires
Hémorragie pulpaire post-traumatique
Suite à un traumatisme dentaire, la pulpe peut subir une hémorragie plus ou moins importante. Si l’hémorragie est significative, avec rupture du paquet vasculo-nerveux, les canalicules dentaires peuvent être envahis par le sang. Immédiatement après le choc, une tache rouge peut apparaître sous l’émail. L’intensité de la coloration dépend du délai entre la perte de vitalité de la dent et le traitement canalaire.
Nécroses pulpaires
Deux types de nécroses pulpaires peuvent être distingués :
- Sans exposition pulpaire : Les protéines de la pulpe nécrosée se décomposent, libérant des pigments qui colorent la dentine.
- Avec exposition pulpaire : Une infection bactérienne peut aggraver la dégradation des tissus, entraînant des colorations plus marquées.
Oblitération canalaire
Le rétrécissement de la lumière canalaire peut résulter d’un processus physiologique lié à l’âge ou survenir après un traumatisme dentaire. Dans ce dernier cas, un tissu de type ostéodentine se forme, emprisonnant des cellules réparatrices. Cette apposition de tissu peut entraîner une coloration de la couronne dentaire, variant du jaune-orange au brun.
Colorations par procédés iatrogènes
Soins conservateurs
Dans 50 % des cas, les dyschromies sont dues aux caries dentaires et à leur traitement. Les matériaux de restauration, comme l’amalgame d’argent, peuvent provoquer des colorations grises ou noires par corrosion ou migration ionique. Même bien manipulé, l’amalgame d’argent colore les dents en gris-bleu.
Traitement endodontique
Plusieurs facteurs peuvent causer des colorations après un traitement canalaire :
- Échec de l’hémostase.
- Élimination incomplète des tissus nécrosés.
- Obturation incomplète.
- Hémorragie lors de l’obturation.
- Utilisation d’anhydride arsénieux, pouvant provoquer des colorations rose-rouge.
- Matériaux d’obturation (comme les cônes d’argent ou les pâtes d’obturation).
Post-radiothérapie
Dans le cas d’un germe dentaire, une radiothérapie de la sphère orofaciale peut entraîner des hypoplasies de l’émail ou des dysplasies dentinaires, causant des anomalies de teinte. Pour les dents déjà présentes, les tissus amélo-dentinaires peuvent se colorer en brunâtre ou noir après irradiation, phénomène parfois appelé « dent d’acier ».
Comparaison des dyschromies extrinsèques et intrinsèques
Dyschromies extrinsèques
Ces colorations sont principalement induites par des facteurs externes et affectent généralement la surface de l’émail. Elles sont souvent réversibles par des traitements de surface, comme le polissage ou le blanchiment.
Dyschromies intrinsèques
Les dyschromies intrinsèques sont ancrées dans le complexe amélo-dentinaire et peuvent prendre des formes sévères. Elles peuvent être :
- D’origine génétique : Affectant les dentures temporaires et définitives, avec une sévérité variable selon les pathologies.
- Acquises : Généralement limitées à une dent ou un groupe de dents, sans affecter systématiquement les deux dentures.
Références
- Aboudharam G., Fouque F., Pignoly C. et Coll. Éclaircissement dentaire. Encycl Méd Chir (Paris), Médecine buccale, 28-745-V-10, 2008.
- Arbab Chirani R., Foray H. Fluorose dentaire : diagnostic étiologique. Arch Pédiatr 2005 ; 12 (3): 284-287.
- Agence Nationale de Sécurité du Médicament. Produits de blanchiment et/ou d’éclaircissement dentaire.
Les dyschromies dentaires (odontologie conservatrice et endodontie)
La prévention des caries repose sur une hygiène bucco-dentaire rigoureuse et des visites régulières chez le dentiste. La maîtrise des techniques d’anesthésie locale est essentielle pour assurer le confort du patient lors des soins. L’imagerie dentaire, comme la radiographie panoramique, permet un diagnostic précis des pathologies buccales. Les étudiants doivent comprendre l’importance de la stérilisation pour prévenir les infections croisées en cabinet. La restauration dentaire, comme les composites ou les couronnes, exige une précision technique et un sens esthétique. Les praticiens doivent rester informés des avancées en implantologie pour proposer des solutions modernes aux patients. Une communication claire avec le patient renforce sa confiance et favorise l’adhésion au plan de traitement.
Les dyschromies dentaires (odontologie conservatrice et endodontie)

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.
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