Les matériaux d’obturation canalaire

Les matériaux d’obturation canalaire

Les matériaux d’obturation canalaire

Introduction

Après un traitement endodontique, le canal doit être rempli pour supprimer sa vacuité. Une large variété de matériaux de remplissage canalaire a été préconisée. La gamme de matériaux a varié au fil des années, allant du plâtre de Paris au platine iridié, en passant par l’amiante, le bambou et l’or mou. Beaucoup de ces matériaux ont été écartés de la profession, car jugés peu pratiques, irrationnels ou biologiquement inacceptables.

Les critères de choix d’un matériau d’obturation canalaire

Selon Grossman

Le matériau doit répondre aux dix critères suivants :

  • Être de manipulation et d’introduction facile.
  • Bien obturer le canal latéralement et apicalement.
  • Être imperméable aux humeurs buccales.
  • Être bactériostatique ou, tout au moins, ne pas encourager le développement bactérien.
  • Être radio-opaque.
  • Être stérile ou facilement et rapidement stérilisable.
  • Être facilement retiré du canal si nécessaire.
  • Ne pas se rétracter après son introduction dans le canal.
  • Ne pas colorer les structures de la dent.
  • Ne pas irriter les tissus périapicaux.

Selon Marmasse

Le matériau d’obturation canalaire doit avoir neuf caractéristiques, subdivisées en trois groupes de propriétés :

Propriétés biologiques
  • Non dangereux pour le périapex.
  • Être antiseptique ou bactériostatique.
Propriétés physiques
  • Avoir une bonne adhérence aux parois.
  • Être physiquement immutable (pas de contraction).
  • Être radio-opaque.
  • Ne pas colorer la dent.
Propriétés pratiques
  • Être d’introduction facile.
  • Être facile à enlever.

Classification des matériaux selon Grossman

Les matériaux d’obturation canalaire sont regroupés en quatre catégories :

  1. Les pâtes.
  2. Les matériaux semi-solides ou plastiques.
  3. Les matériaux solides.
  4. Les ciments de scellement.

Les pâtes d’obturation canalaire

Les pâtes d’obturation canalaire sont classées en trois groupes selon leur comportement secondaire dans le canal :

  1. Pâtes non durcissantes résorbables.
  2. Pâtes durcissantes non résorbables.
  3. Pâtes durcissantes peu résorbables.

Pâte de Walkhoff (1906)

C’est une pâte mise au point par Walkhoff en 1906, utilisée dans le traitement des dents infectées. Elle a rapidement gagné la faveur de la majorité des praticiens d’Europe centrale et reste encore aujourd’hui la plus employée dans les pays germaniques. Sa composition inclut :

  • Parachlorophénol camphré + menthol.
  • Action antiseptique due à la libération des ions Cl⁻.
  • Diminue l’action irritante et caustique du parachlorophénol, tout en restant légèrement antiseptique.
  • Le camphre permet au parachlorophénol de conserver ses propriétés antibactériennes tout en perdant ses propriétés coagulantes.
  • Vasoconstricteur, antiseptique non irritant, analgésique.
  • Très bon véhicule, radio-opaque, adhère bien aux parois canalaires, stimule la formation de nouveaux tissus de granulation contribuant à la réparation osseuse.

Cette pâte est également :

  • Antiseptique avec une certaine tolérance au périapex.
  • Radio-opaque.
  • Allergisante et peut colorer les dents.
  • Utilisée dans le traitement des dents infectées et des dents immatures.

Pâte similaire à celle de Walkhoff

Cette pâte ressemble à celle de Walkhoff mais est moins rapidement résorbable. Elle inclut :

  • Oxyde de zinc, eugénol et lanoline.
  • Effet antiseptique et astringent.
  • Se résorbe lentement dans la région périapicale (ralentissement de la résorption).
  • La lanoline, une graisse animale, est utilisée comme véhicule pour faciliter la préparation et l’introduction de la pâte.

Chloropercha

C’est une solution de gutta-percha dans du chloroforme, employée pour l’obturation des canaux radiculaires par Siffre. Le chloroforme s’évapore, laissant une gutta-percha dure et non résorbable. Cependant, elle présente :

  • Porosité, rétraction et irritation du périapex.
  • Utilisation en cas de perforation radiculaire ou en présence de courbures.

Autres compositions de pâtes

Certaines pâtes incluent des composants tels que :

  • Zinc, formaldéhyde, sulfate de baryum, phénol.
  • Formaldéhyde, acide sulfurique, ammonium, glycérine.
  • Zinc, poudre d’argent, oxyde de titane, bisphénol glycolyl ester.
  • Zinc, phosphate de bismuth, kétone.

Pâtes à base de polymères (Bakélites)

Ce sont des polymères obtenus en mélangeant des phénols avec du formol. Exemple : AH 26, une résine époxy qui durcit en 3 heures (Dentsply De Trey GmbH, Konstanz, Allemagne). Caractéristiques :

  • Utilisée dans tous les canaux radiculaires.
  • Stabilité dimensionnelle mais toxique.
  • Difficile à enlever en cas de désobturation.
  • Offre une herméticité médiocre.

Pâtes à base d’oxyde de zinc et eugénol

Pâte de Robin

Composée de :

  • ZnO.
  • Trioxyméthylène (désinfection lente et progressive).
  • Minium.
  • Eugénol.
Pâte de Roy

Possède les mêmes propriétés que l’oxyde de zinc-eugénol, avec l’ajout d’Aristol, qui augmente son pouvoir antiseptique et sa fluidité. Composition :

  • Poudre : 8 parties de ZnO, 1 partie d’Aristol.
  • Liquide : eugénol.

Matériaux semi-solides

Gutta-percha

Définition

La gutta-percha est la gomme d’un arbre toujours vert, principalement produit en Malaisie. Le latex récolté est coagulé par ébullition pour former la gutta-percha.

Historique
  • Introduite en pratique dentaire en 1847 par Hill, perfectionnée en 1850 par I. Foster Flagg.
  • En 1876, Bowman l’utilise comme seul matériau de remplissage des canaux.
  • Aujourd’hui, elle reste le matériau de choix.
Composition

Un cône à usage dentaire contient environ :

  • 66 % de ZnO.
  • 20 % de gutta-percha.
  • 11 % de sulfate de métaux (opacifiant).
  • 3 % de cire et/ou résine (plastifiants).
Phases de la gutta-percha
  1. Phase α : Gutta-percha naturelle, basse viscosité à basses températures.
  2. Phase β : Obtenue par chauffage de la phase α suivi d’un refroidissement brutal. Température de fusion et viscosité élevées. C’est sous cette forme que les cônes sont présentés.
Propriétés
  • Couleur pure : blanche, mais colorée en rose, jaune ou blanc en odontologie.
  • Solide à température ambiante, ramollit à 37 °C, devient plastique à 60 °C.
  • Radio-opacité moyenne.
  • Coefficient de dilatation thermique élevé.
  • Compressibilité permettant une excellente adaptation aux parois canalaires par les techniques de condensation.
  • Aucune variation dimensionnelle une fois durcie.
  • Faible rigidité (inconvénient majeur) : les cônes se0]. se plient avant d’atteindre la longueur de travail.
  • Insoluble dans l’eau et l’alcool, faiblement soluble dans les acides et bases, mais fortement soluble dans le chloroforme et l’éther.
  • S’oxyde à la lumière et à l’air, perdant sa plasticité et devenant cassante.
  • Matériau neutre, très bien toléré par les tissus vivants.
Présentations
  • Classique : Cônes normalisés (18, 20, … 40) avec une conicité augmentant de 0,02 mm par mm de largeur, ou non normalisés (fin, medium fine, medium, large).
  • Récente : Capsules pour le système Ultrafil ou enrobant des pointes acryliques pour le système Thermafil.
Stérilisation

Immersion dans de l’hypochlorite de sodium à 5,28 % pendant au moins 1 minute 30 secondes.

Variantes
  • Chloropercha : Gutta-percha + chloroforme.
  • Gutta-percha phase 2 de Mac Spadden : Gutta-percha conventionnelle traitée pour réduire son poids moléculaire, abaissant le point de fusion et améliorant la fluidité et l’adhésion. Présentée sous forme de seringues.

Cônes de résine ou polyéthylène

  • Scellés dans le canal à l’aide d’un ciment de scellement.
  • Plus rigides que la gutta-percha.
  • Ne répondent que partiellement aux critères actuels d’obturation canalaire.

Cônes d’argent (années 1930)

  • Utilisés pour les canaux fins ou courbes où la gutta-percha ne pouvait être utilisée.
  • Pouvait être forcé à travers les canaux fins et épouser les courbures.
  • Actuellement, ces cônes n’existent plus.

Ciments de scellement

Les ciments de scellement sont des pâtes obtenues à partir d’une poudre et d’un liquide. Ils comblent les lacunes entre le matériau semi-solide ou solide et les parois canalaires, assurant l’herméticité de l’obturation.

Qualités requises (selon Grossman)

  • Capable de s’infiltrer dans les plus fines irrégularités des parois et dans les canaux latéraux.
  • Filant après malaxage et adhérant bien aux parois du canal.
  • Forme un joint parfait.
  • Radio-opaque pour visualisation radiographique.
  • Poudre à grains fins pour un bon mélange avec le liquide.
  • Ne se rétracte pas après prise.
  • Ne colore pas les structures de la dent.
  • Bactériostatique ou n’encourage pas la multiplication bactérienne.
  • Durcit lentement.
  • Insoluble dans les fluides tissulaires.
  • Toléré et non irritant pour le périapex.
  • Soluble dans les solvants courants en cas de désobturation.

Principaux ciments utilisés

  • Ciment Rickert : 41 % ZnO, 50 % argent précipité, 16 % résine blanche, 12,8 % Aristol, essence de girofle, baume du Canada.
  • Ciment de Grossman : 42 % ZnO, 27 % résine stoechiométrique, 15 % carbonate de bismuth, 15 % baryum, 0,5 % borate de sodium anhydre, eugénol.
  • Ciment de Wosch : 10 g ZnO, 2 g phosphate de Ca²⁺, 3,5 g nitrate de bismuth, 0,3 g iodate de bismuth, 0,5 g oxyde de Mg lourd, 20 cc baume du Canada, 6 cc essence de girofle.
  • Autres ciments :
    • À base de verre ionomère : Bonne adhérence aux parois dentaires grâce aux interactions polaires entre les ions de l’hydroxyapatite et les groupements carboxylés, mais se dissout avec le temps.
    • À base de résine : Excellente stabilité dimensionnelle mais certaine toxicité.
    • À base d’hydroxyde de calcium : Propriétés biologiques intéressantes.

Matériaux d’obturation en denture temporaire

Ces matériaux ont un caractère temporaire et doivent posséder les qualités suivantes :

  • Action antiseptique.
  • Dissolution des débris nécrotiques.
  • Action anti-inflammatoire.
  • Action de reminéralisation.
  • Biocompatibilité.
  • Résorbabilité.

Types de pâtes

  • Pâtes iodoformées : Contiennent iodoforme + adjuvants (parachlorophénol camphré, menthol, thymol, hydroxyde de calcium). Très résorbables, forte activité bactéricide, mais manque d’étanchéité, instabilité clinique, cytotoxicité et potentiel allergisant.
  • Pâtes formolées : Bactéricides mais irritantes et toxiques. Le formaldéhyde peut provoquer des réactions immunitaires.
  • Pâtes à base d’hydroxyde de calcium : Déjà décrites.

Exemples

  • Résilion.
  • Bioroot.

Conclusion

Le développement des techniques d’obturation canalaire pousse les chercheurs à améliorer les propriétés des matériaux pour faciliter leur emploi et optimiser leurs qualités.

Les matériaux d’obturation canalaire

  La prévention des caries repose sur une hygiène bucco-dentaire rigoureuse et des visites régulières chez le dentiste. La maîtrise des techniques d’anesthésie locale est essentielle pour assurer le confort du patient lors des soins. L’imagerie dentaire, comme la radiographie panoramique, permet un diagnostic précis des pathologies buccales. Les étudiants doivent comprendre l’importance de la stérilisation pour prévenir les infections croisées en cabinet. La restauration dentaire, comme les composites ou les couronnes, exige une précision technique et un sens esthétique. Les praticiens doivent rester informés des avancées en implantologie pour proposer des solutions modernes aux patients. Une communication claire avec le patient renforce sa confiance et favorise l’adhésion au plan de traitement.  

Les matériaux d’obturation canalaire

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